Dans la série sur les Califes bien-guidés, nous voyons aujourd’hui un résumé de l’histoire du troisième calife bien-guidé de l’Islam et gendre du Prophète ﷺ.
Il s’agit du généreux, l’homme au grand cœur, Abou ‘Abdillah, ‘Outhman ibn ‘Affan ibn Abi Al-‘Asi, l’homme aux deux lumières, l’émir des croyants, l’homme aux deux émigrations, l’un des dix promis au Paradis et un compagnon du Prophète ﷺ. Qu’Allah l’agrée.
Ce dernier ﷺ a dit : « Il n’y a pas de Prophète sans qu’il n’ait eu, parmi les Compagnons de sa communauté, un homme plein de bienfaisance à ses côtés au Paradis ; et ‘Outhman ibn ‘Affan est cet homme plein de bienfaisance qui sera à mes côtés au Paradis. » (Ahmad)
Sa vie avant l’Islam
Outhman ibn Affan رضي الله عنه est né vers 576 à La Mecque, dans la tribu des Qouraysh. Sa lignée rejoint celle du Prophète ﷺ au niveau de son arrière-arrière-grand-père (‘Abd Manaf). Il est le petit-fils de la tante maternelle du Prophète ﷺ.
Il faisait partie d’une famille aisée, réputée pour son commerce florissant. Homme d’affaires accompli, Outhman était connu pour sa sagesse, son honnêteté et sa générosité bien avant l’arrivée de l’Islam. Contrairement à de nombreux membres de sa tribu, il n’a jamais adoré les idoles et était naturellement enclin à la droiture et à la spiritualité.
Sa conversion à l’Islam
Outhman رضي الله عنه se convertit à l’Islam peu après l’annonce publique de la prophétie par le Prophète ﷺ. Il fut l’un des tout premiers convertis et l’un des rares hommes influents à embrasser la nouvelle religion. Il se convertit par la cause d’Abou Bakr رضي الله عنه.
Malgré la persécution croissante des Qouraysh contre les musulmans, Outhman resta ferme dans sa foi et émigra en Abyssinie pour échapper à la persécution.
Sa relation avec le Prophète ﷺ
Outhman رضي الله عنه entretenait une relation exceptionnelle avec le Prophète ﷺ. Il est le seul compagnon à avoir épousé deux des filles du Messager d’Allah ﷺ, Rouqayya d’abord, puis Oumm Koulthoum après la mort de la première. Cette double alliance lui valut le titre honorifique de « Dhou al-Nourayn » (L’homme aux deux lumières).
Il joua un rôle important dans les campagnes militaires, finançant certaines batailles cruciales pour l’Islam. Sa proximité avec le Prophète ﷺ se manifestait par la confiance que ce dernier avait en lui.
Le Prophète ﷺ ordonna de le suivre et l’a décrit comme étant digne de confiance, il dit en effet : « “Vous subirez après moi un grand trouble et une grande divergence” Un homme demanda : “Vers qui devrions-nous alors nous tourner, Messager d’Allah ?” Il répondit en désignant ‘Outhman : “Vers le digne de confiance et ses Compagnons” » (Ahmad). Un jour, le Prophète ﷺ évoqua les troubles [qui apparaîtront] et ajouta : « Ce jour-là, cet homme sera sur la voie salutaire – en désignant ‘Outhman. » (At-Tirmidhi)
Le Prophète ﷺ a dit : « Le plus pudique de ma communauté est ‘Outhman ibn ‘Affan. » (Abou Nou‘aym)
Le Messager d’Allah ﷺ était allongé sur son lit, mais quand ‘Outhman entra, il s’assit et dit : « N’éprouverais-je pas de la pudeur à l’égard d’un homme devant qui les Anges ressentent de la pudeur ? » (Mouslim)
Ses nobles qualités et caractères
Outhman رضي الله عنه s’adonnait énormément à l’adoration d’Allah et Le craignait avec révérence. Quand fut révélée la parole du Très Haut : {Celui qui, aux heures de la nuit, se voue pieusement à son Seigneur, prosterné ou debout.} [Az-Zoumar, v.9], ‘Oumar a dit : « Il s’agit de ‘Outhman. »
Il craignait son Seigneur et se remémorait l’au-delà. Il visitait beaucoup les cimetières et quand il s’arrêtait sur une tombe, il pleurait jusqu’à mouiller sa barbe. Il avait un cœur sain ; il n’éprouvait de jalousie et de haine envers personne. Il était chaste et préservait sa religion. Il dit : « Par Allah ! Je n’ai jamais forniqué, ni dans la période préislamique ni en étant musulman. » (Ahmad)
Outhman était reconnu pour sa modestie, sa générosité et sa patience. Il utilisait sa richesse pour soutenir les musulmans dans le besoin, notamment lors des périodes de famine et de difficultés financières pour la communauté. Il a affranchi un très grand nombre d’esclaves, il disait : « Depuis ma conversion à l’Islam, il n’y a pas un vendredi où je n’affranchis pas d’esclave. »
Sa discrétion et son humilité étaient légendaires. Même en tant que calife, il menait une vie simple, loin des fastes et des privilèges. Outhman possédait une foi inébranlable et une douceur dans ses interactions avec autrui, préférant toujours la paix au conflit.
Après les décès d’Abou Bakr et de ‘Oumar, ‘Ali a dit : « ‘Outhman était le meilleur d’entre nous et le plus pur. » Et ‘Âichah a dit : « Il était celui qui maintenait le mieux les liens de parenté et qui craignait le plus le Seigneur. » Qu’Allah les agrée tous.
Sa science et sa contribution
‘Outhman رضي الله عنه n’était pas seulement un homme d’affaires et un dirigeant, mais aussi un homme de savoir. Il avait une grande maîtrise des enseignements de l’Islam.
Les Compagnons revenaient vers lui pour le consulter. Ibn Sirin a dit : « Ils voyaient que le plus savant d’entre eux concernant les rites du pèlerinage était ‘Outhman. » Allah lui accorda une foi ancrée et une grande intelligence.
Parmi ses grandes œuvres, il regroupa les musulmans autour d’une seule Lettre [du Coran] et ordonna d’écrire la copie du Coran selon la dernière révision faite entre Jibril ﷺ et le Prophète ﷺ à la fin de sa vie. Il ordonna ainsi à Zayd ibn Thabit d’écrire entièrement de sa main la copie du Coran et envoya plusieurs exemplaires dans différentes contrées.
L’écriture de cette copie du Coran a même pris son nom : « l’écriture de ‘Outhman » (Al-Khatt Al-‘Outhmani). Ibn Kathir a dit : « À l’époque de ‘Outhman ibn ‘Affan, les terres islamiques se sont étendues d’est en ouest grâce à la bénédiction de sa récitation, de son étude, et du fait qu’il ait unifié la communauté autour de la mémorisation du Coran. »
Son califat
Outhman رضي الله عنه devint le troisième calife en 644, succédant à Oumar ibn Al-Khattab رضي الله عنه. Il est le calife bien-guidé dont le califat a été le plus long ; il demeura l’émir des croyants durant douze ans.
Son règne fut marqué par une grande prospérité et une expansion territoriale impressionnante de l’empire islamique, qui atteignit des régions aussi éloignées que l’Afrique du Nord et l’Asie centrale. Il renforça les infrastructures, construisit des mosquées et veilla à la cohésion du califat. Al-Hasan a décrit leur état durant son califat en disant : « Durant son califat, les dons étaient perpétuels, la subsistance abondante, les habitants étaient protégés de l’ennemi, les relations sociales étaient bonnes, les biens était nombreux et aucun croyant ne craignait un autre croyant. Quiconque en rencontrait un, quel qu’il soit, il était son frère. »
Le Prophète ﷺ a dit : « Allah a certes plié la terre pour moi et j’ai ainsi vu l’orient et l’occident. Le royaume de ma communauté atteindra tout ce qu’on a plié pour moi. » (Mouslim). Ibn Kathir a dit : « Tout ceci s’est réalisé et concrétisé au temps de ‘Outhman. »
Sa mort
Mais alors que la prospérité se généralisait, que la sécurité régnait et que l’Islam se propageait sur terre durant son califat, certains dont les cœurs étaient malades voulurent précipiter sa mort et attenter à sa vie. Ils le tuèrent رضي الله عنه du haut de ses quatre-vingt-deux ans alors qu’il jeûnait, tenait un exemplaire du Coran sur son giron et récitait le Livre d’Allah. En raison de son attachement au Livre d’Allah, sa vie se termina avec lui.
Son assassinnt marqua ainsi le début des troubles au sein de la communauté. Houdhayfah a dit : « Le premier trouble est le meurtre de ‘Outhmân, quant au dernier : c’est le faux Messie. »
Lisez les autres articles de la série : l’histoire d’Abou Bakr, de Oumar Ibn Al khattab et de Ali ibn Abi Talib رضي الله عنهم.