Le grand débat (2) Histoire véridique

Par : Tamime Khemmar
Continuons la passionnante histoire du dernier débat qui mis fin aux interrogatoires injustes d’Ahmad Ibn Abî Dou’âd, fer de lance des mutazilites de son époque, en présence du calife Al-Wâthiq, ou l’on passait à l’épreuve les savants, les juges et tous ceux qui pouvaient avoir la moindre importance dans la nation musulmane ou la moindre influence sur les gens.
Rappelons le début cette histoire
Le fils du calife Al-Wâthiq – Al-Mouhtadî-billâh – raconta ce débat, auquel il assista, et dit :
Je ne cessais de dire que « le Coran est créé » toute une grande période du règne du calife Al-Wâthiq (son père) jusqu’à ce qu’Ahmad Ibn Abî Dou’âd nous ramena un vieil homme du Châm[1], enchaîné.
Ce vieil homme avait un beau visage, une grande taille et une barbe toute blanche.
Je vis que le calife fut embarrassé devant lui et s’attendrit à son égard.
Il le rapprocha de lui jusqu’à le faire assoir très près de lui.
Le vieil homme salua le calife et invoqua pour lui, avec éloquence et brièveté.
Le calife lui dit :
– Assieds-toi. Il s’exécuta.
– Vieil homme ! Débats avec Ibn Abî Dou’âd et réponds à ses questions ! Dit, le calife.
– Commandeur des croyants ! Ibn Abî Dou’âd est trop faible pour débattre. Lui répondit-il.
Le calife se mit en colère et son attendrissement à l’égard du vieil homme se transforma en colère et il s’écria :
– Aboû Abdillâh Ibn Abî Dou’âd est trop faible pour débattre avec toi ?
– Ne te mets pas en colère commandeur des croyants et permets-moi de débattre avec lui. Se contenta de dire le vieil homme.
– Je ne t’ai fait venir que pour cela ! S’exclama le calife.
Le vieil homme dit alors :
– Commandeur des croyants, peux-tu conserver mes paroles et les siennes ?
– Oui. Répondit-il.
– Dis-moi, Ahmad ! Dit, le vieil homme s’adressant à Ibn Abî Dou’âd. Est-ce que ta parole (que le Coran est créé) est obligatoire et fait partie de la croyance religieuse, si bien que la religion ne sera complète que lorsque l’on dira ce que tu as dit ?
– Oui. Lui répondit-il.
– Dis-moi, Ahmad ! Continua le vieil homme. Concernant le Messager d’Allah [ﷺ], lorsque Allah l’envoya vers les hommes, est-ce que le Messager d’Allah a caché quelque chose de la religion qu’Allah lui ordonné de transmettre ?
– Non. Répondit-il.
– Est-ce que le Messager d’Allah [ﷺ] a appelé sa nation à suivre ta parole que voici ? Continua le vieil homme.
Abî Dou’âd se tut.
Le vieil homme se tourna vers le calife et lui dit :
– Commandeur des croyants ! Voilà un point !
Le calife dit : un point !
Continuons notre histoire
– Dis-moi Ahmad ! Continua aussi calmement le vieil homme. Concernant Allah, lorsqu’Il a révélé le Coran au Messager d’Allah [ﷺ] et dit, (S : 5/A : 3) :
(Aujourd’hui, J’ai accompli pour vous votre religion, J’ai complété la grâce que Je vous ai accordée et J’ai agréé l’Islâm comme religion pour vous.), est-ce que c’est Allah qui est sincère en affirmant avoir accompli sa religion ou bien c’est toi qui es sincère en affirmant qu’elle est incomplète, ce qui nous oblige à adhérer à ta parole (qui est supposée compléter la religion) ?
Ibn Abî Dou’âd se tut.
– Réponds, Ahmad ! Dis le vieil homme.
Il ne sut que répondre.
Le vieil homme dit au calife :
– Commandeur des croyants ! Deux points !
– Oui. Répondit le calife. Deux points.
Le vieil homme poursuivit :
– Dis-moi, Ahmad ! Cette parole que tu proclames (que le Coran est créé), est-ce que le Messager d’Allah [ﷺ] la connaissait, ou bien il l’ignorait ?
– Ibn Abî Dou’âd dit :
– Il la connaissait.
– A-t-il appelé les gens à y adhérer ?
Ibn Abî Dou’âd se tut.
Le vieil homme dit :
– Commandeur des croyants ! Trois points !
Le calife confirma :
-Trois points !
Le vieil homme repris :
-Dis-moi, Ahmad ! Est-ce qu’il fut aisé pour le Messager d’Allah [ﷺ] de connaitre cette parole et de ne pas la dire, comme tu le prétends, et n’a pas cherché à éprouver sa nation en lui demandant d’y adhérer ?
– Oui. Dit Ibn Abî Dou’âd.
– Ceci fut-il aussi aisé pour Abî-Bakr, COumar Ibn Al-Khatâb, COuthmân et CAli (qu’Allah les agrée tous) ?
– Oui. répondit Ibn Abî Dou’âd.
Le vieil homme se tourna vers le calife et dit :
– Commandeur des croyants ! J’ai dit auparavant qu’Ahmad était trop faible pour débattre.
S’il ne t’est pas aisé de ne pas dire cette parole, comme celui-ci prétend, alors que cela fut aisé pour le Messager d’Allah [ﷺ] pour Abî-Bakr, COumar Ibn Al-Khatâb, COuthmân et CAli, qu’Allah ne rend rien aisé pour vous !
– C’est vrai. Dit le calife. Si ce qui fut aisé pour le Messager d’Allah [ﷺ] pour Abî-Bakr, COumar Ibn Al-Khatâb, COuthmân et CAli ne nous est pas aisé, qu’Allah ne nous rend rien aisé.
Coupez les chaînes de ce vieil homme ! Ordonna le calife.
Le vieil homme saisit ses chaînes, lorsqu’on les coupa, et les enfouit dans le manche de sa tunique et dit au calife :
– Je demanderai à être enterré avec ces chaînes, car le jour où je ressusciterai, je demanderai à Allah d’interroger Ahmad Ibn Abî Dou’âd : pourquoi m’a-t-il enchaîné et à effrayé ma famille sans le moindre droit ? Tous se mirent alors à pleurer.
Explication :
Ceci fut un débat logique où le vieil homme avança des arguments imparables auxquels son adversaire Ibn Abî Dou’âd ne put répondre.
Il n’y avait que deux cas de figure :
Si Ibn Abî Dou’âd disait que le Messager d’Allah [ﷺ] et ses quatre successeurs ne connaissaient pas cette parole et ne l’ont pas dite, ceci reviendrait à dire qu’il était plus savant qu’eux tous, chose qu’il ne pouvait jamais prétendre.
Ibn Abî Dou’âd ne pouvait alors qu’affirmer que le Messager d’Allah et ses quatre successeurs connaissait cette parole.
Or, si cela était le cas – chose qui est tout à fait impossible car elle contredit le Coran et la sounnah – le fait qu’ils aient tous laissé cette parole, ne l’on pas dite et n’ont pas éprouvé toute la nation par celle-ci, ceci aurait dû pousser Ibn Abî Dou’âd à faire la même chose !
Bref, Ibn Abî Dou’âd était perdant dans tous les cas, avait perdu son dernier débat et avait perdu, à jamais, l’estime du calife, après ce jour-là.
Et cette parole, qui vise à dépourvoir Allah de l’une de Ses plus grandes qualités qui est « la parole » c’est-à-dire « le fait de parler » fut réfutée et bannie, qu’Allah en soit grandement loué.
Le dernier débat (1) Histoire véridique
Notes de l’auteur :
[1] La Syrie, la Palestine, la Jordanie et le Liban (le Levant)
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