Sourate Al Kahf : Celui qui avait deux jardins

Aujourd’hui c’est vendredi al hamdoulillah. En plus de la prière du Joumou’a, il est recommandé de multiplier les prières sur le Prophète ﷺ et de lire la sourate de la Caverne (Al Kahf).

Le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui lit la sourate Al Kahf le jour du vendredi, il est éclairé par une lumière entre les deux vendredis« . C’est-à-dire jusqu’au vendredi suivant. (Al Bayhaqi)

C’est une sourate qui regorge d’histoires et de leçons profondes.

Dans un autre article, nous avons vu l’histoire des gens de la caverne qui est la première comptée dans cette sourate. Aujourd’hui, nous vous proposons celle qui la suit : celle de celui qui possédait deux jardins.

Un conflit entre la foi et la mécréance

Cette histoire illustre le conflit entre la foi et la mécréance, entre la soumission à Allah, le dispensateur de la subsistance, et l’arrogance de celui qui croit que ses richesses et ses enfants sont le fruit de ses seuls efforts, sans reconnaître la volonté d’Allah ni espérer en Lui. C’est une confrontation entre celui qui croit au Jour dernier et celui qui pense que la vie est simplement une question de force, sans foi en l’Au-delà ni en la justice divine. Entre eux, un défi se dessine, où l’arrogant mise sur la véracité de ses prétentions.

Le jardin et la richesse : une épreuve d’Allah

Allah dit : {Donne-leur donc en exemple (l’histoire) des deux hommes. À l’un Nous avons donné deux jardins plantés de vignes et bordés de palmiers. Entre les deux (jardins), Nous avons ménagé un champ cultivé (de céréales).} [s.18, v.32].

C’est donc le récit de deux hommes en dispute, l’un possédant deux jardins de vignes entourés de palmiers, avec des champs de céréales entre les deux. Ce modèle de culture est courant dans les régions chaudes, où les légumes poussent à l’ombre des palmiers, qui ombragent les vignes, et les vignes protègent les légumes, créant ainsi une ferme idéale.

Une abondance qui mène à l’arrogance

{Chacun des deux vignobles, entre lesquels Nous avons fait jaillir un ruisseau, donnait ses fruits sans que jamais la récolte ne faiblit.} [s.18, v.33].

Allah nous décrit ensuite ces jardins, nous informant qu’ils produisaient généreusement des fruits en abondance, à maturité, chacun en son temps. L’eau, source de vie, coulait abondamment entre eux, assurant leur prospérité. {Et Nous avons fait de l’eau toute chose vivante.} [s.21, v.30].

{Disposant de fruits à profusion, il dit à son compagnon au cours d’une discussion : « Je suis plus riche que toi et plus puissant par mon clan. »} [s.18, v.34]. Les récoltes de ces jardins étaient immenses, générant des revenus abondants. Mais, comme le rappelle Allah : {Mais en vérité l’homme se montre hautain dès qu’il se croit au-dessus du besoin} [s.96, v.6-7].

L’homme aux deux jardins se mit à se vanter de sa richesse, de l’abondance de ses biens, de ses enfants, et de ses jardins magnifiques devant son compagnon, plus pauvre et sans grande descendance.

La mécréance en le Jugement Dernier

L’homme riche, plein d’arrogance, entra dans son jardin, et, étant injuste envers lui-même, dit : {Je ne crois pas que tout ceci puisse un jour disparaître.} [s.18, v.35].

Accompagné de son compagnon pauvre, il lui montrait la splendeur de ce jardin, avec toute sa verdure, ses fruits et ses légumes luxuriants, se balançant au vent, tandis que les oiseaux chantaient dans ses branches épaisses. Cette magnificence reflétait la grandeur de son propriétaire, mais son compagnon pauvre, doté d’une foi sincère, lui conseillait de ne pas trop se vanter et de rester humble devant Allah, qui lui avait accordé cette bénédiction.

Cependant, l’homme riche, enivré par la beauté de son jardin, ignora ce conseil. Il pensa que son jardin ne périrait jamais et oublia la loi divine. Sa fascination pour ses jardins le conduisit à un pas à la mécréance en disant : {Je ne crois pas non plus que sonnera l’Heure.} [s.18, v.36]. Il nia le Jour de la Résurrection et du Jugement, rejetant l’idée que les humains seraient jugés pour leurs actions.

La moquerie et l’illusion de ce bas-monde

Il se moqua de son compagnon pauvre, disant : {Et si jamais je devais être ramené à mon Seigneur, je trouverais certes meilleur que cela, en retour.} [s.18, v.36]. Même en concédant l’idée du Jugement, il croyait qu’il serait récompensé par un jardin encore meilleur, pensant que sa prospérité était garantie en toutes circonstances, tandis que son compagnon resterait misérable. Cette logique trompeuse est celle de ceux qui sont égarés par les illusions du monde, oubliant Celui qui donne et retire les bénédictions.

Les conseils du croyant

Le compagnon pauvre, fidèle à Allah, ne laissa pas son compagnon riche dans l’égarement sans tenter de le ramener à la raison. Il lui rappela qu’Allah l’avait créé à partir de poussière, puis d’une goutte de sperme, avant de le façonner en homme. {Renies-tu Celui qui t’a créé de terre, puis d’un liquide insignifiant, avant de faire de toi un homme à la forme accomplie ?} [s.18, v.37].

Le croyant lui rappela que sa richesse et son pouvoir l’avaient conduit à l’arrogance, au point de nier Allah, mais qu’il n’était jamais trop tard pour se repentir et reconnaître la grandeur de son Seigneur. {Pour ma part, j’ai pour Seigneur Allah auquel je n’associe aucune divinité.} [s.18, v.38]. Il expliqua qu’il devrait reconnaître que tout ce qu’il possédait était un don d’Allah et lui dit : {Si seulement, en entrant dans ton jardin, tu disais : “Telle est la volonté d’Allah, il n’est de force que par Allah”.} [s.18, v.39]. Cela aurait pu protéger ses biens du mal et des envieux.

Les conséquences de l’arrogance

Il l’avertit que l’arrogance pourrait attirer sur lui un désastre, lui faisant perdre tout ce qu’il possédait. Il lui dit : {Il se peut que mon Seigneur m’accorde mieux que ton jardin et transforme ce dernier, par quelque calamité venant du ciel, en une terre glissante et inculte} [s.18, v.40]. Il continua à le mettre en garde contre les conséquences de son ingratitude : {Ou que l’eau qui l’arrose se perde dans les profondeurs de la terre, sans que tu puisses en retrouver trace.} [s.18, v.41].

Mais l’homme riche, aveuglé par son arrogance, n’écouta pas ces avertissements. Le désastre s’abattit soudainement sur son jardin. {Sa récolte fut alors entièrement dévastée. Il se mit à se tordre les mains de dépit, se souvenant de tous les biens investis dans ce jardin à présent totalement détruit et s’exclamant : « Si seulement je m’étais gardé d’associer de fausses divinités à mon Seigneur ! »} [s.18, v.42].

La ruine et le regret

Le riche, après avoir tout perdu, s’effondra dans le désespoir, regrettant amèrement son association et son arrogance. Mais il était trop tard. Ses jardins étaient en ruines, ses vignes et ses palmiers réduits à des squelettes de bois sec. Dans son désespoir, il réalisa qu’il avait échoué le test divin. {Aucun clan ne put le préserver du châtiment d’Allah dont il ne put lui-même se protéger.} [s.18, v.43].

Il avait perdu tout soutien et ne pouvait trouver de secours, car il avait défié Allah et ignoré ses avertissements. Finalement, il n’avait personne à blâmer que lui-même pour son arrogance et son incrédulité.

La leçon du récit

Ce récit enseigne une leçon essentielle sur la nature éphémère des possessions ici-bas, l’importance de la gratitude envers Allah, et les conséquences de l’arrogance et de la mécréance. Elle rappelle que tout ce que nous possédons est un don d’Allah et que nous devons toujours nous en souvenir et rester humbles.