Voici une histoire relayée par le journal anglais Daily Mail. Nous sommes à l’aéroport de Gatwick en Angleterre. David Jones, créateur du personnage de dessin animé « Sam le pompier » attend son tour pour passer le portique de sécurité. Devant lui, une sœur portant le hijab passe sans encombre. C’est à son tour…
L’ancien pompier met le feu aux poudres
David Jones, 67 ans, ancien pompier retraité, ancien membre de la Household Cavalry (troupes d’élite à cheval de l’armée britannique), et créateur de « Sam le pompier », se trouve derrière une sœur portant un foulard, au portique de sécurité à l’aéroport. La sœur passe, sans aucun souci. Quant à David Jones, sa prothèse de hanche artificielle fait sonner le portique. Les agents de sécurité procèdent alors à une fouille superficielle comme le règlement l’exige, de l’autre côté du portique. Mais s’en est trop pour lui ! Comment se fait-il qu’une femme voilée passe le portique aussi facilement, et que lui se fasse contrôler de la sorte ! S’en est trop et il ne peut s’empêcher de laisser sortir la phrase suivante :
« Que se passerait-il si j’avais un foulard sur mon visage ? »
Une femme du personnel de sécurité, étant de confession musulmane, prend mal cette remarque déplacée et la juge raciste. Elle est immédiatement rejointe par une de ses collègue également musulmane, et toutes deux « profondément affligées », arrêtent David Jones et le place en détention une heure durant.
Le pyromane, la victime
David Jones se dit aujourd’hui outré par la manière dont il a été traité à l’aéroport anglais, et est certain qu’il a été victime d’un acte non anodin. Pour lui, « les contrôles doivent être les mêmes pour tout le monde ». Il pense que cette femme, avec ce voile la recouvrant presque entièrement (à part le visage), a passé ce stade du contrôle trop facilement…
« Si je portais un voile sur mon visage, je me demande ce qui arriverait ».
Pour Mr Jones, cette phrase n’aurait jamais dû être prise avec autant de sérieux… Elle aurait dû être comprise par l’ensemble des personnes autour de lui, de l’humour sans condition. Pourquoi ces femmes musulmanes ont eu mal, et en quoi ces paroles ont-elles été irrespectueuses ? C’est à ni rien comprendre ! L’islamophobie est tellement banalisée qu’on ne comprend plus pourquoi de tels propos peuvent être passible de sanctions encore aujourd’hui dans certains endroits du globe… Lorsque les deux femmes de la sécurité lui ont réclamé des excuses lors de son heure de détention, il a répondu : « Je n’allais pas faire des excuses, je n’avais rien fait de mal » !
Il tente en vain de s’expliquer dimanche, avec du recul : « Ce que j’ai dit n’avait rien à voir avec la religion de cette femme. C’était juste le fait que son visage était couvert et elle semblait avoir passé au travers du protocole de sécurité sans le montrer totalement. » Or, le visage de cette femme n’était pas voilé. Elle portait le hijab, et non le niqab. Et quand bien même cette dernière aurait porté le niqab, en qualité de qui se permet-il de juger opportun de faire ce genre de remarque aux agents de sécurité ? Il dit avoir ressenti
« Quelque chose comme 1984 semble s’être passé dans l’aéroport de Gatwick. Je sens que mes droits en tant qu’individu ont été violés. Ce que j’ai subi relève de l’intimidation et de la détention. Je ne suis pas opposé à un tel niveau de sécurité mais il doit être égal pour tous. »
David Jones a l’intention de porter plainte contre l’aéroport de Gatwick et la compagnie British Airways. Même s’il a reconnu que ses propos ont pu être jugés blessants, il n’a pas conscience que ses paroles ont été irrespectueuses vis à vis de cette voyageuse devant lui, vis à vis des deux femmes agent de sécurité de confession musulmane qui se sont senties injuriées, et des agents de sécurité tout simplement qui d’après lui négligent les règles de sécurité élémentaires. Les lois britanniques n’empêchent nullement les femmes de se couvrir les cheveux, ni d’ailleurs de se couvrir le visage dans les aéroports, tant que ces dernières montrent leur visage lors des contrôles de passeports.
Une pensée binaire, bien reflétée dans les épisodes de « Sam le pompier » : le bien et le mal sont définis et ne laissent place au raisonnement de l’Humain, à ses sentiments. Un épisode de sa vie, qui lui, ne passera pas sur petit écran, et restera illustré de noir et de blanc…