Le Mali quitte l’Organisation internationale de la Francophonie : une rupture symbolique avec la France

Le Mali quitte l’Organisation internationale de la Francophonie : une rupture symbolique avec la France

Le 18 mars 2025, le Mali a officiellement annoncé son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), emboîtant le pas à ses voisins et alliés, le Niger et le Burkina Faso, qui avaient fait une annonce similaire la veille. Ce départ marque une nouvelle étape dans la distanciation croissante entre ces pays sahéliens et la France, l’ancienne puissance coloniale.

Une décision souveraine aux accents politiques

Dans une déclaration relayée par le ministère malien des Affaires étrangères, Bamako a justifié cette sortie par des griefs précis envers l’OIF. Le Mali dénonce une « application sélective des sanctions » et un « mépris pour sa souveraineté », estimant que l’organisation, basée à Paris, ne soutient pas suffisamment les aspirations légitimes de son peuple. « Le Mali ne peut demeurer membre d’une organisation aux agissements incompatibles avec les principes constitutionnels fondés sur la souveraineté de l’État », a indiqué le ministère dans une lettre officielle adressée à son homologue français.

Cette décision intervient dans un contexte où les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) — Mali, Niger et Burkina Faso — avaient déjà été suspendus de l’OIF suite aux coups d’État qui ont porté leurs juntes au pouvoir. Le Mali, par exemple, avait été exclu en août 2020 après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta. L’OIF avait alors exigé sa libération et la mise en place d’un gouvernement civil, des demandes restées sans réponse.

Une vague de retraits au Sahel

Le Niger a ouvert la voie à cette série de retraits en annonçant son départ le 17 mars 2025, suivi quelques heures plus tard par le Burkina Faso. Les trois nations, membres fondateurs de l’OIF depuis sa création en 1970 à Niamey, semblent aujourd’hui déterminées à rompre avec ce qu’elles perçoivent comme un vestige de l’influence française. Dans un communiqué conjoint, les ministres des Affaires étrangères de l’AES ont accusé l’OIF d’être devenue « un instrument politiquement manipulé », loin de ses missions initiales de promotion de la langue française, de la diversité culturelle et des droits humains.

Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique plus large de réorientation géopolitique. Après avoir coupé les liens diplomatiques et militaires avec la France et ses partenaires européens, le Mali, le Niger et le Burkina Faso se rapprochent de plus en plus de la Russie, signalant un tournant stratégique dans la région.

Quel avenir pour la Francophonie au Sahel ?

Avec le départ de ces trois pays, l’OIF, qui compte désormais 90 membres, voit son influence s’effriter en Afrique de l’Ouest. Le Mali, où le français reste une langue de travail malgré l’élévation des langues nationales au rang de langues officielles en 2023, comptait encore 3,7 millions de francophones sur une population de plus de 23 millions. Ce retrait, bien que symbolique, pourrait avoir des répercussions sur les programmes éducatifs et culturels soutenus par l’organisation dans la région.

Pour les observateurs, cette vague de départs reflète une crise plus profonde du multilatéralisme et une défiance croissante envers les institutions perçues comme alignées sur les intérêts occidentaux. Reste à savoir si d’autres nations suivront cet exemple, alors que le Sahel redéfinit ses alliances et son identité post-coloniale.

By Michael

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