Les pensées qui traversent le cœur proviennent de différents éléments, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, entrant parfois en conflit et générant des dilemmes à résoudre pour le croyant et/ou de la dissonance interne.
Comment lutter ?
L’homme est constitué aussi bien d’un corps que d’un cœur et d’une âme (elle même tiraillée par une partie lumineuse et une partie incitatrice au mal), chacun ayant des besoins spécifiques propres (physiologiques, psychologiques, spirituels). En dehors de cela, il est également sujet à l’influence de son environnement extérieur -visible et invisible- que ce soit les personnes qu’ils fréquentent, les anges et/ou les diables qui lui insufflent des pensées à commencer par son propre qarin . Le croyant doit donc prendre conscience des différentes influences auxquelles il est constamment exposé pour parvenir à gérer la lutte intérieure qui a lieu dans son cœur.
Ceci commence tout d’abord par comprendre que le cœur est un récipient rempli de ce par quoi on lui permet de l’être, en acceptant et en traduisant -ou non- nos pensées en paroles ou en actes, raison pour laquelle la simple passivité face à la transgression et l’injustice est interdite en islam, car, indépendamment du mal que cela génère par ailleurs, elle participe à notre propre acceptation du mal et sa banalisation en notre for intérieur.
Une purification perpétuelle ?
Or le croyant se doit de jouer un rôle actif dans la purification perpétuelle de son cœur (et dans la société en y étant un réformateur, mais nous ne développerons pas ce point ici). Ainsi lorsque quelque chose l’affecte, il doit fournir un effort pour se préserver et se purifier. Ainsi, s’il s’agit d’un péché de sa part, il doit implorer le pardon d’Allah et/ou s’en repentir, et si celui-là implique un tiers il devra alors également réparer le tord qu’il lui aura causé. De même, s’il s’agit de péchés ou d’injustices commis par d’autres et dont il a été témoin, il devra alors, à minima, les rejeter et les condamner fermement tout en agissant sur la situation, dans la mesure du possible. Ceci car le cœur va s’imprégner du mal auquel il a été exposé en l’absence d’efforts consentis de le préserver.
Le croyant doit donc veiller à être attentif à ce qui le traverse comme pensées et à prendre le temps de réagir de la manière qui plaît à Allah. Cela sera d’autant plus facile si son environnement extérieur l’incite au bien, il sera davantage confronté à des paroles, des actions et des modèles qui affecteront son cœur positivement, mais l’inverse est également vrai. A l’inverse, plus l’environnement proche du croyant est mauvais, plus la lutte sera difficile, car son cœur sera exposé presque au mal presque en permanence.
Pour autant, par un travail attentif et régulier d’introspection, le croyant parvient à distinguer ce qui provient de lui-même de bon (ainsi que d’Allah et de Son tawfiq) du reste. Il doit essayer de faire la part des choses, de fermer les portes du mal lorsqu’elles se présentent et accepte que des pensées mauvaises le traversent régulièrement car cela fait tout simplement partie de sa nature. Si ces dernières sont régulièrement chassées et qu’elles ne se traduisent pas en paroles ou en action, (ou alors que si elles le sont, il ait le réflexe de s’en repentir rapidement), alors cela signifie qu’il parvient à maîtriser son âme, même s’il s’agit d’une bataille de toute une vie et qu’il ne faut jamais se sentir à l’abri.
Le croyant en quête de l’agrément divin doit ainsi chercher à dominer les penchants de son âme et ses sens, sur lesquels jouent ceux qui souhaitent le voir chavirer, pour parvenir à s’élever spirituellement.
Parmi les conseils que certains sages nous ont laissé afin de préserver le cœur, celui de se préserver son regard et ses oreilles aussi bien de l’illicite que du licite susceptible de nous enjoliver la dounya . En effet, certaines choses permises, à l’excès, peuvent susciter l’amour de ce bas-monde (toujours au détriment de celui de l’au-delà, car le cœur est un récipient plein donc si on y fait pénétrer une chose, la quantité de ce qui y figurait précidemment diminue ). Ainsi, un homme qui marche dans la rue et s’émerveille de voir une belle voiture, ou un femme voyant une femme très bien vêtue, peuvent se sentir affectés car toutes ces choses, bien qu’elles ne soient pas illicites sont susceptibles de faire entrer l’amour de ce bas-monde dans le coeur.
Fournir des efforts
C’est pourquoi le croyant doit fournir un effort pour renouveler ce qui remplie son cœur de manière positive. Il doit lire le Coran car le fait de le voir, de l’entendre et de le réciter avec sa bouche va lui permettre d’y faire pénétrer la parole d’Allah et de l’y ancrer. L’ homme est en effet sensible à ce qu’il entend et qui lui est régulièrement répété. Ce phénomène est ensuite renforcé par le fait qu’il le dise à son tour en récitant. Ainsi dans le cas de la lecture régulière du Coran, le croyant alimente directement son cœur par ce dont il a besoin pour vivre et s’entretenir, et même de le nettoyer de ce qui l’aura affecté par ailleurs. De plus, il assure une autre forme d’entretien en faisant du dhikr, car la foi augmente et diminue. Il est donc nécessaire de la renouveler activement en nous rappelant Allah et en Le mentionnant en nous-mêmes et à nous mêmes. C’est en nous recentrant sur notre Seigneur et en l’évoquant que nous prenons de la distance avec nos réalités et nos problématiques mondaines quotidiennes. Le rappel d’Allah nous permet de prendre de la hauteur, de nous connecter et de ressentir la présence divine et Son assistance.
Il est également important de prendre des moments de solitude et de silence durant lesquels on pourra se destiner qu’à l’adoration et au rappel d’Allah. Pour cela il faut s’extirper de la routine envahissante et aux sollicitations extérieures permanentes pour s’offrir le droit de se reconnecter à soi et à Allah. Ces moments brefs mais réguliers constituent des rendez-vous pour faire le point permettant au croyant de ne jamais trop s’éloigner ou de se retrouver livré à lui-même.
Nous demandons à Allah Son assistance dans toutes nos affaires et de ne pas nous laissés livrés à nous-mêmes.
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