Il Nous Faut Apprendre à Mourir (c’est-à-dire se remémorer la finitude de la vie, et l’importance de vivre en bon Musulman jusqu’à ce qu’Allah Ta3la prenne notre âme et nous ramène vers Lui) pour Réellement Vivre
Dans une discussion captivante, Le Cheikh Hatim Al Maliki nous invite à reconsidérer notre rapport à la mort, une perspective souvent évitée dans nos sociétés modernes. Loin d’être une source d’angoisse à fuir, la pensée de la mort est présentée comme une clé essentielle pour débloquer une vie plus riche et plus authentique. Découvrons ensemble les principaux enseignements de cette intervention.
Le Mensonge de l’Oubli : Éviter la Mort pour Être Heureux ?
Le Cheikh Hatim Al Maliki commence par dénoncer ce qu’il appelle l’un des plus grands mensonges de notre société : l’idée qu’il faut absolument éviter de penser à la mort pour être heureux. Il raconte l’histoire d’un post-doctorant perturbé par son discours sur la mort, qui associait cette pensée à une vie austère et dépourvue de joie …. Pourtant, Cheikh Al Maliki affirme avec force que l’acceptation de la mort est la plus grande source de vitalité, et que refuser d’y penser nous empêche de vivre pleinement.
La Mort Invisibilisée : Une Stratégie Sociétale ?
Selon Cheikh Al Maliki, nos sociétés modernes ont rendu la mort invisible. Les cortèges funéraires se font rares, les cimetières ressemblent à des parcs, et les personnes en fin de vie sont isolées dans des services spécialisés. Cette invisibilisation n’est pas anodine ; elle participe à un système où la frustration et la consommation sont encouragées …. En nous détournant de notre finitude, on nous pousse à une quête incessante de biens matériels, dans l’illusion que cela nous apportera le bonheur.
Un Contraste Saisissant : La Mort Présente dans les Pays Musulmans
L’orateur contraste cette approche avec ce qu’il observe dans les pays musulmans, où les cortèges funéraires sont des événements publics qui rappellent à tous notre destination finale. La mort fait partie intégrante de la vie, et même le défunt reste souvent à la maison pour que les proches puissent lui rendre visite. Cette proximité avec la mort a un impact profond sur la manière dont les gens vivent et perçoivent leurs priorités.
L’Enseignement Prophétique : Un Rappel Constant de la Mort
Cheikh Al Maliki cite un Hadith rapporté par l’imam Tirmidhi, où le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur Lui) nous exhorte à « accentuer de manière abondante le rappel de la mort, celle qui détruit les passions et les tentations »…. Il souligne que malgré ce rappel constant, le Prophète était une personne joyeuse et souriante, prouvant que la conscience de la mort n’est pas synonyme de tristesse, mais plutôt d’une perspective éclairée sur la vie.
Vivre ou Survivre : La Question Essentielle
L’intervenant met en lumière la différence cruciale entre vivre et survivre. Notre société actuelle, obsédée par la vente du bonheur, paradoxalement engendre beaucoup de malheur. En oubliant la mort, nous nous laissons enfermer dans une « prison » de besoins matériels incessants, courant après des illusions sans jamais atteindre une véritable satisfaction…. Il prend l’exemple de quelqu’un qui se soucie plus de nourrir son corps que son âme, se demandant quelle différence il y a entre cette personne et une vache qui broute.
La Mort : Un Catalyseur de Priorités et d’Appréciation
Prendre conscience de notre finitude a un impact direct sur nos priorités …. Face à la mort, les disputes futiles, les préoccupations superficielles et la course effrénée aux biens matériels perdent de leur importance. Le rappel de la mort redonne de la valeur aux choses essentielles : les relations avec nos proches, les moments présents, et notre quête spirituelle…. Un simple verre d’eau prend une saveur particulière quand on réalise qu’il pourrait être le dernier.
Se Libérer de la Prison du « Nefs » : L’Âme Bestiale et la Consommation
Cheikh Al Maliki explique que le rappel de la mort nous préserve de la « prison du nefs », notre âme bestiale insatiable qui nous pousse à consommer toujours plus. Cette société se construit sur notre frustration, nous faisant croire que le bonheur réside dans la possession de ce que les autres ont …. Or, la conscience de la mort relativise cette course effrénée et nous permet de nous recentrer sur ce qui compte vraiment ….
Intelligence et Conscience de la Mort
Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a dit que l’homme le plus intelligent est celui qui se rappelle le plus de la mort et se prépare le mieux à ce qui suit. Cette intelligence réside dans la capacité à ne pas se laisser abrutir par les illusions de ce monde et à comprendre que les possessions terrestres sont éphémères …. L’histoire de ce millionnaire qui a tout dépensé pour Allah Le Sublime en apprenant sa mort imminente illustre cette sagesse : à quoi bon amasser des richesses si c’est pour les laisser derrière sans avoir profité de la véritable vie ?
Le Peu Devient Beaucoup : La Gratitude Face à la Finitude
Lorsque nous pensons à la mort, même ce que nous considérons comme peu peut devenir beaucoup. Un simple sandwich prend de la valeur quand on réalise que notre temps sur terre est limité. La mort a cette faculté de transformer notre perception, rendant le peu abondant et le beaucoup insignifiant face à l’éternité.
En conclusion, Cheikh Hatim Al Maliki nous livre un message puissant : pour vivre pleinement, il est essentiel de ne pas oublier notre mortalité. Le rappel constant de la mort n’est pas une invitation à la tristesse, mais plutôt un appel à la lucidité, à la gratitude et à une vie alignée sur nos valeurs les plus profondes. C’est en acceptant notre finitude que nous pouvons véritablement nous ouvrir à la richesse et au sens de la vie.