De Marianne à la Réalité : Décryptage des Erreurs de Mahyar Monshipour sur le Voile

Réfutation Détaillée des Critiques de Mahyar Monshipour sur le Voile Islamique

Les récentes prises de position de Mahyar Monshipour, notamment dans les colonnes du journal Marianne, concernant le Voile Islamique (Hijab) ont suscité de vives réactions. Fort de sa prétendue  » expérience personnelle et de son parcours (d’origine iranienne) « 1, l’ancien champion du monde de boxe a exprimé des critiques véhémentes à l’égard du Voile/Hijab, le qualifiant d’instrument d’un système patriarcal et liberticide.

Cependant, une analyse approfondie des Sources Musulmanes révèle que les  » arguments  » de M. Monshipour sont souvent basés sur des amalgames réducteurs, des raccourcis fallacieux et une compréhension totalement erronée, des fondements et des significations du Hijab. On constate qu’il n’a jamais manifesté d’intérêt pour l’islam, et encore moins pour l’étudier ; dans ce contexte, ‘son expérience d’Iranien‘ ne vaut rien. S’il cherche de véritables explications, nous disposons de savants et de connaisseurs qui devraient, en toute logique, être invités dans Marianne. À moins, bien sûr, que l’intérêt de ce journal ne soit d’inviter des profils qui se contentent d’alimenter des absurdités sur l’islam pour diverses raisons.2

Cet article se propose donc de réfuter de manière détaillée et professionnelle les principaux points soulevés par M. Monshipour dans le journal Marianne.

1. Le Hijab : Bien Plus Qu’un Simple « Bout de Tissu »

M. Monshipour insiste sur le fait que le Voile n’est pas un simple bout de tissu, mais l’instrument visible d’un système oppressif (l’instrument visible d’un système profondément patriarcal, liberticide). Si l’on ne saurait nier la dimension symbolique forte du Hijab, le qualifier d’être un instrument d’oppression ignore les multiples significations qu’il revêt en Islam et pour de nombreuses femmes musulmanes.

Fondement religieux : L’obligation du Hijab trouve ses racines dans les Sources Musulmanes, le Coran et la Sunna (les traditions prophétiques). Plusieurs Versets Coraniques, tels que la Sourate Al-Ahzab (33:59) et An-Nur (24:31), sont interprétés par la majorité des savants comme établissant le principe du Voile pudique pour les femmes croyantes. Des Hadiths Prophétiques viennent également renforcer cette Obligation. Pour de nombreuses musulmanes, le port du Hijab est avant tout un acte d’adoration et une soumission aux commandements divins.
Acte personnel et choix : Contrairement à l’idée reçue, de nombreux témoignages personnels, y compris ceux émanant de pays où le port du Voile n’est pas imposé par la loi, soulignent que le Hijab est dans la très grande majorité un choix personnel et une expression de Foi et d’islamité. L’assimiler systématiquement à une contrainte, comme le fait M. Monshipour en référence au régime iranien (sectaire et chiite duodécimain et donc aux antipodes des Valeurs Musulmanes), occulte la liberté de celles qui le portent librement dans des sociétés qui ne l’imposent pas garantissant cette liberté.
Protection et modestie : Le Hijab est également perçu par de nombreuses femmes comme un moyen de protection et une manifestation de modestie, de pudeur (haya), une qualité essentielle en islam. Il vise à favoriser des interactions sociales basées sur le respect et l’humanité plutôt que sur l’attirance physique. Le Hijab est là pour rappeler que la femme est avant tout un être, une personne, une âme, bien plus qu’un simple corps. Dans les sociétés où la femme est chosifiée, réduite à son physique, et où prolifèrent la pornographie et autres dérives, cela représente une valeur extraordinaire. A méditer.

Identité et appartenance : Pour certaines femmes, le Hijab est une affirmation de leur identité musulmane, c’est-à-dire de leur pratique, de leur islamité. De ce qu’elles sont, intrinsèquement. 

2. Réfutation des Allégations Concernant le Statut de la Femme en Islam

M. Monshipour affirme que l’islam est intrinsèquement misogyne et esclavagiste 3, citant notamment les règles d’héritage et la valeur du témoignage des femmes. Ces affirmations nécessitent une réfutation nuancée et basée sur une compréhension globale des Textes Islamiques.

Héritage : L’allégation selon laquelle une fille hérite systématiquement de la moitié de ce qu’hérite son frère est une simplification excessive. La Loi Islamique sur l’héritage est un système complexe qui détermine les parts en fonction du degré de parenté et des responsabilités financières des héritiers.
Dans de nombreux cas, les femmes héritent autant que les hommes, voire plus.
La différence de parts dans certains cas est souvent compensée par le fait que les hommes sont généralement responsables du soutien financier de leur famille (mahr, nafaqa).
L’islam a reconnu le droit à l’héritage pour les femmes dès le VIIe siècle, une avancée significative par rapport à d’autres traditions religieuses et juridiques de l’époque, y compris en France où ce droit n’a été pleinement acquis qu’au XXe siècle.
Témoignage : L’affirmation selon laquelle le témoignage d’une femme vaut la moitié de celui d’un homme provient d’une interprétation spécifique d’un verset coranique (2:282) concernant les transactions financières et les contrats.

Ce verset, le plus long du Coran, vise à garantir la clarté et la sécurité des transactions financières, un domaine où les hommes étaient traditionnellement plus impliqués à l’époque de la révélation. La mention de deux femmes vise à pallier un éventuel oubli.

Aujourd’hui, cependant, cette distinction n’a plus lieu d’être, car les femmes sont désormais pleinement impliquées dans ce type d’activités. L’objectif étant de s’assurer de l’expérience et donc de la qualité du témoignage, et non de discriminer selon le sexe.
Dans la majorité des autres domaines juridiques (affaires criminelles, divorce, etc.), le témoignage d’une femme est pleinement accepté et a la même valeur que celui d’un homme. Il existe même des cas où le témoignage d’une femme est privilégié, notamment dans les affaires concernant spécifiquement les femmes (accouchement, allaitement).
L’interprétation du verset 2:282 est complexe et ne saurait être généralisée pour conclure à une infériorité intrinsèque du témoignage féminin. Tout cela démontre que Mahyar Monshipour est bien ignorant concernant l’Islam.

3. Le Voile dans le Sport : Un Débat Complexe et Nuancé La question du port du Voile dans le sport, récemment débattue en France, met en lumière des tensions entre les principes de laïcité, la liberté religieuse et l’inclusion. Si M. Monshipour qui est français depuis peu contrairement à la majorité des Musulmans de France se positionne clairement en faveur de l’interdiction, il est important de considérer d’autres perspectives :
Liberté de conscience et de religion : De nombreux acteurs et organisations défendent le droit des femmes musulmanes de porter le Hijab lors de compétitions sportives au nom de la liberté de conscience et de religion, un principe fondamental dans une démocratie. Ils soulignent que le port du Voile ne constitue pas en soi un acte de prosélytisme ou une menace à la laïcité.
Inclusion et participation : L’interdiction du Voile dans le sport peut être perçue comme une forme de discrimination et d’exclusion à l’égard des femmes musulmanes pratiquantes, les empêchant de participer pleinement à la vie sportive.
Diversité des pratiques : Il est crucial de distinguer la pratique individuelle du port du Voile de l’instrumentalisation politique qui peut en être faite par certains mouvements. Assimiler systématiquement le port du Voile à de l’ « entrisme islamiste« , comme le suggèrent certains responsables politiques, est un amalgame dangereux et stigmatisant. En réalité, cette notion d’entrisme relève souvent d’une imagination complotiste ou d’une jalousie face à la réussite des musulmans, comme l’a récemment démontré une affirmation troublante d’une personne haut placée. Cette dernière a explicitement déclaré qu’elle refusait la réussite des musulmans et que la présence de cadres musulmans la dérangeait, révélant ainsi un parti pris qui alimente ces perceptions biaisées.

Dire que derrière le Voile se cache un projet, comme le fait Mahyar Monshipour dans l’article de Marianne du 25/03/2025, revient à projeter des fantasmes complotistes là où il n’y en a pas. Les musulmanes qui portent le Voile ne poursuivent pas un agenda secret ou une stratégie obscure ; elles aspirent simplement à pratiquer leur religion en toute liberté et à vivre leur Foi comme elles l’entendent. Cette accusation ignore leur réalité quotidienne : elles demandent avant tout qu’on leur ‘foute la paix’, qu’on respecte leur choix personnel sans y plaquer des intentions qui n’existent pas. Assimiler un acte de dévotion à une menace relève d’une mécompréhension volontaire ou d’un préjugé tenace, qui refuse de voir ces femmes pour ce qu’elles sont : des individus exerçant un droit fondamental, pas des pions dans un soi-disant complot.

Expériences internationales : Comme le souligne Teddy Riner, ou encore Tibo InShape, dans de nombreux pays et au sein d’instances sportives internationales (comme le CIO), le port du voile est autorisé sans que cela ne pose de problème.

4. Conclusion

Les critiques de Mahyar Monshipour à l’égard du Voile Islamique et du statut de la femme en islam, bien que s’appuyant sur une  » expérience personnelle  » et un  » attachement à la laïcité « , manquent souvent de nuance et se fondent sur des interprétations sélectives et des généralisations hâtives. Le Hijab est une pratique religieuse aux significations multiples et profondes pour les femmes qui le choisissent. Réduire l’islam à une religion intrinsèquement misogyne et esclavagiste ignore les réformes positives qu’il a apportées à son époque et la richesse, sagesse des interprétations fidèles aux Sources Musulmanes et des pratiques au sein de la communauté musulmane.

Il est essentiel d’aborder ces questions complexes avec une compréhension approfondie des Sources Musulmanes, une prise en compte des contextes et un respect des choix individuels. Le débat sur le port du Voile, notamment dans l’espace public et sportif, nécessite une réflexion nuancée et un respect pour les droits fondamentaux à la liberté de conscience et à la non-discrimination, plutôt que de sombrer dans des raccourcis et des amalgames qui ne font qu’alimenter la stigmatisation et la division.

Notes :

1 :

En France, le débat autour du Voile Islamique revient régulièrement dans l’espace public, souvent accompagné d’amalgames douteux. L’un des plus flagrants consiste à associer le port du Voile par les femmes musulmanes, notamment sunnites, qui représentent la grande majorité des musulmanes en France, au régime chiite duodécimain de l’Iran. Cette confusion est non seulement intellectuellement paresseuse, mais elle révèle aussi une méconnaissance profonde des réalités historiques, religieuses et culturelles.

En France, où la communauté musulmane est majoritairement sunnite et issue du Maghreb, le voile reflète souvent une démarche personnelle, spirituelle ou identitaire, loin des injonctions étatiques. Confondre ces contextes revient à ignorer la diversité des expériences musulmanes et à réduire une pratique plurielle à une caricature politique. Cet amalgame est d’autant plus crasse qu’il sert souvent à alimenter des discours stigmatisants. En associant le Voile des Françaises musulmanes à un régime autoritaire étranger, ici Téhéran, on insinue une menace qui n’a aucune base factuelle. C’est un raccourci qui escamote le vécu des femmes concernées et qui, sous couvert de laïcité, frôle parfois la xénophobie. Plutôt que de s’enliser dans ces approximations, il serait temps de reconnaître la complexité du sujet et de cesser de projeter des fantasmes géopolitiques sur le Hijab.

2 :

Dans Marianne, l’interview de Mahyar Monshipour du 25/03/2025, le Voile est présenté comme ‘codifié dans des textes religieux‘, ce qui reflète une réalité ancrée dans la tradition islamique. Pourtant, les médias français semblent incapables de s’accorder sur ce point. Alors que le Hijab est reconnu comme obligatoire en islam et à l’unanimité des Savants Musulmans, on entend régulièrement sur BFM, Cnews et d’autres antennes des pseudo-‘spécialistes’ affirmer qu’il ne serait pas Islamique/obligatoire, mais inventé par les ‘islamistes’. Cette cacophonie médiatique, souvent alimentée par des intervenants mal informés, brouille le débat et dessert une compréhension sérieuse de la question.

3 :

L’esclavage, tel que pratiqué historiquement en Occident, impliquant la traite transatlantique et la déshumanisation systématique, raciste, n’est pas compatible avec les principes de l’Islam. En effet, l’Islam, dès ses débuts, a encouragé l’affranchissement des esclaves comme un acte vertueux. Le Coran et les Hadiths insistent sur le traitement juste et humain des captifs, interdisant leur maltraitance et le racisme. De plus, des mécanismes comme la kaffara (expiation) ou la mukâtaba (contrat d’affranchissement) visaient à réduire progressivement l’esclavage. Bien que l’esclavage ait existé dans les sociétés musulmanes anciennes, il ne concernait que les prisonniers de guerre (afin de les accueillir et il n’y avait pas de prisons), il était régulé et ne revêtait pas la forme brutale et raciale connue en Occident. Aujourd’hui, l’esclavage est prohibé dans le droit islamique moderne (et sous sa forme occidentale il a toujours été prohibé en Islam).

By Michael

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