Après l’épisode tumultueux de la mosquée de Drancy dans laquelle des caméras avaient été retrouvées dissimulées ici et là dans les toilettes et lieu de prière, voilà que c’est au tour de la mosquée d’Epinay sur Seine de faire l’objet d’une mascarade orchestrée par la municipalité, et d’autres organisations « musulmanes » complices. Évidemment, ce sont les musulmans d’Epinay sur Seine qui en payent les frais.
La mosquée fermée, les spinaciens contraints de prier dehors
C’est avec consternation que les musulmans d’Epinay sur Seine, ont découvert le 18 novembre dernier la fermeture de la seule mosquée de la ville, sur décision de la Grande Mosquée de Paris (GMP), qui tient la direction du lieu depuis octobre dernier à la demande du maire d’Epinay sur Seine, Hervé Chevreau (MoDem).
Sur une affiche placardée à la porte d’entrée de la mosquée, pouvait-on lire les motifs de fermeture du lieu : « à cause de troubles graves à l’exercice du culte et à l’ordre public ». La GMP avait jugé nécessaire de fermer ce lieu de culte, en attendant de trouver une solution aux tensions qui agitent depuis quelques mois déjà, les musulmans d’Epinay à l’égard de ce qu’ils dénoncent comme une « ingérence politique » dans les affaires de la mosquée, de la part du maire Hervé Chevreau, aidé par le président de l’association IMS (Intégration Musulmane Spinacienne), Hamid Boushaki, et par Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP).
Ils sont depuis contraints de prier sur la voie publique, en attendant que le maire prennent en considération leurs mécontentement. Le 26 novembre dernier, les musulmans spinaciens regroupés au sein de l’Union des Associations Musulmanes d’Epinay (UAME) se sont rassemblés devant la mairie d’Epinay sur seine, pour la prière du vendredi et pour revendiquer leur droit à un lieu de culte et la légitimité d’en prendre eux mêmes la direction.
« Monsieur Le Maire vous avez outrepassé vos limites »
Les faits remontent à avril 2009, lorsque le maire Hervé Chevreau, décide de déléguer la gestion des parties cultuel et culturelle du centre islamique d’Epinay au président de l’association IMS, Hamid Boushaki. De là, des tensions entre les musulmans et l’association ont surgis, dénonçant une mauvaise organisation du lieu qui plus est non transparente : « Où sont passés les dons récoltés par l’association ? Qu’ont ils fait de notre argent ? » se demande Hamza Bouaziz, secrétaire général de l’Union des Associations Musulmanes d’Epinay, (UAME) créée tout récemment.
En septembre dernier, et sous la pression de cette même Union, l’ancien gestionnaire Hamid Boushaki, décide de démissionner de ses fonctions, en conservant tout de même son poste pour la partie culturelle, laissant ainsi vacante la gestion de la partie cultuelle. Renvoyée sur le bureau du maire Hervé Chevreau, ce dernier s’est tournée vers la Grande Mosquée de Paris qui n’a pas réfléchi longtemps avant de prendre le dossier sous le bras.
« La volonté du maire est que les fidèles puissent exercer leur culte dans une totale sérénité, raison pour laquelle on a été sollicité, en tant que conciliateur, par la mairie pour reprendre la gestion du lieu de culte » confie la chargée de communication de la GMP.
Selon le maire d’Epinay, le conflit éclata à cause de quelques éléments « perturbateurs » qui ont poussés M. Boushaki à renoncer à la gestion de la Mosquée, alors que celui-ci assurait convenablement sa mission. Il pointerai du doigt une poignée de musulmans actifs à la tête de l’UAME, les mêmes qui dénoncent la signature à leur insu d’une convention qui donnerait à la GMP les clés du lieu de culte.
« Priez et taisez vous, on décide pour vous ! »
Le 20 Octobre dernier, à la grande stupéfaction des fidèles de la mosquée, un agent leur annonce une heure plus tôt la présence de Dalil Boubaker, recteur de la GMP venu pour une réunion avec le maire Hervé Chevreau, et Hamid Boushaki, en vue de signer un convention qui garantit à la GMP la gestion totale du lieu de culte, ainsi que le choix d’un nouvel imam.
Lors d’un rassemblement contre la signature de cette convention, le 29 octobre dernier, Hamza Bouaziz affirme :« On ne nous a pas demandé notre avis alors que nous sommes d’Epinay et donc les premiers concernés ». Pris par surprise, plusieurs musulmans spinaciens présents à la réunion ont exigés du maire, et de ses acolytes, des explications sur le fait qu’ils n’ont jamais été avisés d’un tel accord tacite, et encore moins du remplacement de leur imam Mustapha, qui assure les prêches du vendredi voilà plus de 10 ans, par un imam tout neuf, fraîchement imposé par Dalil Boubakeur.
«L’imam qu’on souhaite dépêcher pour la mosquée d’Épinay est capable d’assurer sa présence pour les cinq prières quotidiennes, de faire le prêche du vendredi et de rendre des avis religieux alors que le précédent imam (Mustapha) ne vient que les vendredis. Il n’a jamais été attitré, même avec l’ancienne association, il n’a aucun diplôme en théologie à présenter. Il n’a pas à s’autoproclamer imam même s’il est là depuis longtemps» précise le recteur de la GMP.
Malgré la mobilisation du collectif UAME catégoriquement opposé au départ de l’imam actuel, la GMP fait la sourde oreille, et assure que cet imam «n’avait pas les compétences requises », et qu’un imam adéquate sera envoyé « dès que le calme sera revenu ». Très soutenu par le collectif UAME appuyé aussi par le Collectif Cheikh Yassine, l’imam Mustapha entend lui garder sa place d’imam.
Face à la polémique qui enfle, le maire Hervé Chevreau ne compte pas changer d’avis et affiche fermement son intention de poursuivre avec la GMP et arriver au bout de ce que prévoit la convention. Au sujet de l’UAME, il confie : « Ce que ces gens veulent, c’est la possession du lieu et rien d’autre. On ne peut pas travailler avec des gens de cette manière. Je ne veux pas résilier la convention avec la GMP, qui est pour moi la meilleure chose pour Épinay ».
Par là, le maire voulait surtout faire comprendre aux musulmans spinaciens que la Mosquée dans laquelle ils ont l’habitude de prier, est avant tout la propriété de la municipalité qui a déboursée pas moins de 2 millions d’euros, pour faire un centre islamique, ce qui n’était autrefois qu’un hangar vide.
L’Union des Musulmans d’Epinay sur le pied de guerre
Depuis la signature de la convention le 20 octobre, les musulmans de l’UAME multiplient les manifestations de protestation et font entendre qu’ils ne renonceront pas à leur droit de cité. Pour le rassemblement du 29 octobre comme pour celui du 26 novembre, le collectif réitère sa volonté d’être pris en considération par le maire : « Monsieur le Maire vous avez outrepassé vos limites. On vous invite à revenir dans le dialogue et à nous écouter ». « Mais malheureusement même le fait que l’on revienne vers lui, il ne veut pas » affirme un porte parole, devant une centaines de manifestants pacifiques qui ont rejoint le mouvement.
Sur des banderoles déployées devant la mairie pour chaque rassemblement, étaient inscrits les reproches du collectif, à l’égard de cette mainmise sur la Mosquée : « Non à l’ingérence de la Mosquée de Paris. Non à l’atteinte de la liberté de culte ! » « Musulmans d’Épinay sous-citoyens ? Priez et taisez-vous ! On décide pour vous. ». Tout porte à croire en effet, selon l’UAME et le CCY qu’il s’agit là d’une connivence politique entre le maire d’Epinay, la GMP et l’association IMS, qui cherchent à imposer aux fidèles spinaciens l’imam derrière lequel ils devront prier, sans les consulter au préalable.
Le président de l’UAME Nabil Abdellaoui explique : « Les locaux appartiennent à la mairie, mais le maire n’a pas à décider quelle institution doit venir diriger les musulmans d’Épinay. On n’a rien contre la Mosquée de Paris mais elle doit comprendre que le centre doit être géré localement ».
Concernant la suite de l’affaire, M.Chevreau prefère décliner toutes responsabilités et laisser le soin à Dalil Boubakeur, et à la GMP de régler ce problème tandis que la GMP elle même appelle à un consensus afin de pouvoir rouvrir la mosquée dans de bonnes conditions. De son coté, soutenu par l’UAM93, le collectif UAME n’entend pas s’arrêter là et ils appellent dejà à une mobilisation massive le vendredi 3 décembre prochain devant la mairie d’Epinay sur Seine insha Allah.