Par : Tamime Khemmar.
L’un des plus grands miracles accordés par Allah à Son Prophète Mouhammad [ﷺ] fut sans le moindre doute : (le voyage nocturne et l’ascension céleste) appelé « Al-‘Isrâ’ et Al-Mi’râj ».
Cet événement fut cité dans le Coran (S : 17/ A : 1) ainsi que (S : 53/A : 1 à 18) et fut rapporté par d’innombrables Compagnons dans la Sounnah prophétique authentique.
Racontons ce formidable voyage, hors de la dimension humaine, qui fut un honneur accordé par Allah à son Prophète et Messager [ﷺ] qui s’arma de patience face à dix années de persécution, qui fut un prélude à la hijra (l’exode) vers Médine et qui révéla la sincérité et la foi de tout croyant et de toute croyante qui eurent foi en cela et n’en doutèrent pas un instant.
Lorsque la difficulté et la peine atteignent leur comble et que la douleur et la patience s’approchent du point de rupture humain, la bonne nouvelle est annoncée, la délivrance arrive et les soldats d’Allah galopent entre le Ciel et la Terre apportant le secours de leur Seigneur à Ses dévoués serviteurs.
Après dix années d’appel à l’Islâm, le Prophète Mouhammad [ﷺ] ne récolta de son peuple que le refus, l’oppression et le reniement.
La réponse des autres tribus ne fut point meilleure. Il fut même lapidé par des pierres lors de sa tentative d’appeler les habitants de ‘At-tâ’if à l’Islâm, au point où ses chevilles furent couvertes de sang.
C’est dans ce contexte difficile et désespérant que se produisit l’un des plus grands miracles que connut l’humanité et qui donna à la Prophétie de Mouhammad [ﷺ]et à son Message leur statut perpétuel, jusqu’au dernier jour, les faisant dominer sur toutes les autres prophéties et tous les autres messages, et faisant de lui l’Imâm (guide) de tous les Prophètes.
Cette nuit-là le Prophète Mouhammad [ﷺ] vit de ses propres yeux le monde céleste et ses merveilles, lors d’une ascension physique qui dépassa la capacité du plus grand et plus fort des Anges : Gabriel (Jibrîl), rencontra tous les Prophètes et acquit le plus grand honneur accordé par son Seigneur à l’une de Ses créatures.
Ibn Kathîr résuma ce récit[1] en disant : « Le Prophète Mouhammad [ﷺ] fit son voyage nocturne éveillé de la Mecque à Jérusalem sur le dos du Bourâq[2].
Lorsqu’il arriva à la porte du temple, il attacha sa monture à côté de la porte et accomplit la salât.
Puis on ramena le Mi’râj – qui est une sorte d’escalier sur lequel on monte au Ciel.
Il monta avec l’Ange Gabriel au premier Ciel, celui du monde d’ici-bas, puis traversa le reste des sept Cieux.
Il fut accueilli par les Anges les plus illustres de chaque Ciel et y salua les Prophètes qui s’y trouvaient.
Il rencontra Adam dans le premier Ciel, Jésus et Jean dans le deuxième, Joseph dans le troisième, Idrîs dans le quatrième, Aaron dans le cinquième, Moïse dans le sixième et Abraham dans le septième.
Il monta plus haut et entendit le bruit des Calames qui transcrivent les destins de tout ce qui existera.
Il vit aussi Sidrat Al-Mountahâ[3] qui fut couverte par des choses extraordinaires, par des papillons en or, par des couleurs diverses ainsi que par une multitude d’anges.
Il vit l’Ange Gabriel tel qu’il est réellement : possédant six cents ailes, couvrant tout l’horizon lorsqu’il déploya ses ailes.
Il vit le Bayt Al-Macmoûr[4]qui est la qiblah[5] céleste ainsi qu’Abraham le bâtisseur de la qiblah terrestre (la Kacbah) adossé contre son mur.
Chaque jour, soixante-dix mille nouveaux Anges visitent cette maison accomplissant la salât et le tawâf (les circumambulations) et n’y reviennent plus jamais, et cela jusqu’au Jour de la résurrection[6].
Il vit aussi le Paradis et l’Enfer.
Tout cela de ses propres yeux, éveillé et sans perdre ni son sang-froid ni son esprit ni ne commit le moindre acte inapproprié dans cet extraordinaire voyage dans le monde du ghayb (l’imperceptible) où le plus fort des hommes aurait été terriblement effrayé au point de ne pas se contrôler, s’il n’aurait pas tout simplement perdu l’esprit. Allah, élevé soit-Il, dit à propos du comportement de Son illustre Prophète [ﷺ] : (S : 53/A : 17) (Le regard n’a ni dévié ni transgressé.)
Lorsque le Prophète d’Allah Mouhammad [ﷺ] dépassa les sept Cieux et atteignit, lors de son ascension céleste, un endroit qu’aucun humain ne vit avant lui, Allah, élevé soit-Il, lui parla sans aucun intermédiaire, comme Il le fit avec Moïse, que le salut soit sur lui.
Il lui prescrit alors, à lui et à sa nation, d’accomplir cinquante salât (prières) par jour. Obéissant, le Prophète Mouhammad [ﷺ] reprit le chemin du retour, mais lorsqu’il rencontra Moïse, ce dernier lui conseilla de demander à son Seigneur de diminuer le nombre de salât.
Mouhammad [ﷺ] s’exécuta et demanda cela à son Seigneur, à plusieurs reprises, toujours suivant le conseil de Moïse, jusqu’à ce que le nombre quotidien de salât soit fixé à cinq.
Allah, dans Sa grande miséricorde pour la nation musulmane, réduisit le nombre des salât de cinquante à cinq et promit que ces cinq salât quotidiennes seraient comptées comme valant cinquante.
Ceci montre bien sûr l’importance de la salât et son grand mérite.
Puis, le Prophète Mouhammad [ﷺ] redescendit à Jérusalem accompagné de tous les Prophètes où ils accomplirent la salât en groupe, ayant à leur tête leur imâm et le plus illustre d’entre eux : Mouhammad [ﷺ].
Après avoir accompli ce qu’Allah lui a prédestiné comme honneurs lors de cette miraculeuse nuit, le Prophète Mouhammad [ﷺ] revint sur le dos du Bourâq, en compagnie de l’ange Gabriel, à La Mecque.
Au lever du jour, il raconta à son peuple ce qui s’était passé durant la nuit.
Ils l’ont aussitôt démenti et se sont empressés de le traiter de fou malgré les preuves qu’il leur avait données, dont la description précise du temple de Jérusalem.
Le seul qui le crut aussitôt fut Abou Bakr qui se contenta de dire : « Nous avons foi en ses paroles lorsqu’il nous rapporte un récit venant du Ciel. Pourquoi le démentirions-nous à propos de cela ?! » Il fut, qu’Allah l’agrée, appelé As-sidîq [7] (le véridique) depuis ce jour.
Le Prophète [ﷺ] ne tarda pas à quitter La Mecque, à quitter ce peuple incrédule et à s’en aller dans la plus bénie des hijra (exodes), lui et les croyants en Allah et en Ses signes miraculeux, vers la douce Médine. » Fin de citation d’Ibn Kathîr.
Voilà, d’une manière résumée, le fantastique récit d’Al-‘Isrâ’ et Al-Mi’râj.
Sinon, dans les livres de la Sounnah et ceux de l’histoire de l’Islâm, celui-ci est plus détaillé et renferme de nombreux et précieux trésors de récit du ghayb (l’imperceptible) et d’enseignements prophétiques.
– Que signifie le fait que le Prophète Mouhammad [ﷺ] fut l’Imâm (le guide) de tous les autres Prophètes lors de la salât (prière) accomplie dans le temple de Jérusalem ?
Cet extraordinaire événement indique beaucoup de choses :
1/La fin de la prophétie. Car l’Imâm est le dernier.
2/Le mérite du dernier Prophète sur le reste des Prophètes.
3/L’accomplissement et la perfection de la dernière prophétie et du dernier Livre (Le Coran).
En effet, le Coran est l’apogée du Message d’Allah qui renferme Ses commandements et Sa législation la plus parfaite destinée et apte à guider l’humanité jusqu’au dernier Jour.
4/La concordance de tous les Prophètes sur les fondements de la foi, dont l’unicité d’Allah et l’humanité[8] de Ses messagers, vu qu’ils ont tous accompli leur salât derrière le Prophète de l’unicité et l’humble serviteur d’Allah : Mouhammad [ﷺ].
Tout ceci bien sûr n’est qu’un bref rappel et une méditation résumée concernant ce glorieux événement à qui malheureusement beaucoup de musulmans n’accordent pas le respect qu’il mérite ni n’agissent selon ce qu’il dicte.
En effet. Fêter ce jour n’a jamais et ne sera jamais une œuvre qui apportera du bien à son auteur et cela, pour deux raisons :
1/La date de cet événement n’a jamais été connue avec certitude. Tout ce qui a été rapporté comme dates (27 Rajab et autres dates) n’est pas authentifié.
2/Personne n’a fêté cette nuit. Ni le Prophète [ﷺ] ni les compagnons ni nos bienfaisants et savants prédécesseurs.
Cet acte n’est rien d’autre qu’un bid’a (culte survenu) qui n’est nullement agréé par Allah et qui ferme à son auteur les portes du savoir et du profit.
Car, celui qui passera cette grande nuit à fêter et à danser, comment pourra-t-il méditer et profiter du récit qui fut rapporté à son sujet et qui fut couronné par la faveur d’être privilégié par le culte du recueillement et de la sérénité : la salât ?
Qu’Allah soit sanctifié et élevé au-dessus de toute mauvaise pensée ou acte futile, qu’Il soit éloigné de toute association et de toute ressemblance avec l’une de Ses créatures et soit considéré à Sa juste valeur : Celui qui possède les Noms les plus beaux et les meilleurs ainsi que toutes les qualités de perfection, Celui qui a dit, élevé soit-Il, (S : 17/A : 1) :
(Élevé et sanctifié soit Celui qui asrâ[9] (a fait voyager) Son serviteur la nuit du Masjid Al-Harâm (La Mosquée Interdite) au Masjid Al-Aqsâ (le Temple de Jérusalem) dont nous avons béni les alentours).
Allah est plus Savant.
Notes de l’auteur :
[1] Adapté de son tafsîr et de son livre d’histoire.
[2] Monture apportée par l’ange Gabriel, sur laquelle sont transportés les Prophètes, qui est blanche, entre la mule et l’âne et qui pose son pied aussi loin que son regard arrive (le point de l’horizon).
[3] L’arbre du nerprun de la limite extrême (la fin). Tout ce qui monte de la Terre s’arrête à son niveau et tout ce qui est plus haut qu’elle et qui descend s’arrête à son niveau.
[4] La maison peuplée.
[5] La qiblah est la direction vers laquelle se dirige celui qui accomplit la salât (Al Ka’ba).
[6] Ce qui donne une idée de l’immensité de leur nombre.
[7] Celui qui dit la vérité et a foi en les paroles véridiques du Prophète [ﷺ].
[8] et non la divinité…
[9] Asrâ vient de isrâ’ qui signifie : voyager la nuit.