Une Mobilisation incroyable pour Gaza – Une mobilisation internationale inédite converge actuellement vers la frontière de Gaza. Baptisée Global March to Gaza, cette « marche mondiale » réunit des milliers de volontaires de plus de 50 pays, déterminés à briser le blocus israélien et à dénoncer le génocide en cours dans l’enclave palestinienne. Partie de plusieurs coins du globe, cette marche de solidarité doit se rassembler au Caire puis se diriger à pied vers le point de passage de Rafah, à la frontière entre l’Égypte et Gaza, pour exiger l’ouverture d’un corridor humanitaire. Portée par un élan populaire planétaire, l’initiative illustre le refus de la société civile internationale de rester silencieuse face à la tragédie gazaouie.
Gaza : un génocide en cours, bilan humanitaire catastrophique
Depuis le déclenchement de la guerre contre Gaza le 7 octobre 2023, la population de la bande de Gaza subit ce que de nombreux observateurs qualifient de génocide. Les chiffres humanitaires actualisés donnent le vertige : les bombardements israéliens ont déjà tué au moins 54 927 Palestiniens et fait plus de 126 000 blessés – aljazeera.com. La grande majorité des victimes sont des femmes et des enfants, pris au piège des attaques incessantes. Parallèlement aux massacres, Israël impose un blocus total asphyxiant Gaza : depuis mars, aucun convoi d’aide n’a pu entrer, aggravant une famine organisée qui aurait déjà coûté la vie à des milliers de personnes et menace des centaines de milliers d’autres – aljazeera.com. Les 2,4 millions d’habitants de Gaza manquent de tout – nourriture, eau potable, médicaments – tandis que l’armée israélienne pilonne sans relâche ce territoire exigu. Face à cette catastrophe humanitaire créée de toutes pièces, l’inaction des gouvernements internationaux devient, aux yeux de beaucoup, synonyme de complicité tacite dans le drame palestinien.
C’est dans ce contexte d’urgence absolue que s’inscrit la Global March to Gaza. L’initiative entend attirer l’attention du monde sur cette situation intenable, que des organisations de défense des droits humains n’hésitent plus à décrire comme une entreprise planifiée d’éradication du peuple de Gaza – aljazeera.com. Des juristes internationaux soulignent en effet que les souffrances infligées – blocus, bombardements massifs, privation de nourriture – correspondent à la définition même d’un génocide – aljazeera.com. En réponse, la marche mondiale se veut un cri de ralliement des consciences : il faut sauver Gaza tant qu’il est encore temps, et la société civile mondiale a décidé de prendre ses responsabilités là où les chancelleries ont échoué.
Une marche internationale pour briser le siège de Gaza
La Global March to Gaza est née de l’initiative conjointe d’un large collectif d’ONG, de syndicats, d’associations et de personnalités unis par la cause palestinienne. Lancé par exemple par le médecin urgentiste suisse Hicham El Gaoui et coordonné par la Coordination of Joint Action for Palestine en Tunisie, le mouvement se revendique civil, apolitique et non-violent, ne représentant aucun parti ou idéologie. Son seul mot d’ordre : justice, dignité humaine et paix pour Gaza. Les organisateurs insistent sur le caractère purement humanitaire de la démarche, sans récupération politique ni financement institutionnel : chaque participant est bénévole et autofinance son voyage, par conviction.
Les objectifs affichés de la marche sont explicites et ambitieux :
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Mettre fin à la famine imposée à Gaza en brisant le blocus qui affame la population.
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Permettre l’entrée de l’aide humanitaire: des milliers de camions d’aide sont bloqués depuis des mois à Rafah, il faut les laisser passer.
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Établir un corridor humanitaire permanent et sécurisé pour approvisionner durablement Gaza.
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Exposer les crimes de guerre d’Israël et demander des comptes aux responsables de ces atrocités.
En somme, la Global March to Gaza vise à forcer la communauté internationale à agir. « Le silence international face au génocide à Gaza équivaut à de la complicité », martèlent les initiateurs, qui estiment que les peuples du monde doivent se lever là où les gouvernements se couchent. « Notre marche vise à stopper le génocide en cours contre le peuple palestinien, à exiger l’entrée inconditionnelle et immédiate de l’aide humanitaire, et à faire lever le blocus inhumain imposé à Gaza » explique Seif Abu Keshk, membre du comité international de la marche. Pour lui, cette initiative citoyenne mondiale, par sa force du nombre et sa détermination pacifique, fera pression sur tous les gouvernements restés passifs ou complaisants.
Du Caire à Rafah : un périple coordonné depuis plusieurs pays
Le déroulement de la Global March to Gaza s’organise en plusieurs étapes coordonnées. Les délégations de chaque pays convergent d’abord vers l’Égypte. À partir du 12 juin 2025, des participants de près de 50 nations sont attendus au Caire, point de ralliement général – aljazeera.com. Parmi eux, on compte des syndicalistes, des travailleurs humanitaires, des médecins, des avocats, des étudiants, des artistes – bref, un large éventail de la société civile mondiale. Beaucoup ont rejoint individuellement le mouvement, témoignant de la portée transnationale de la cause. « La marche transcende les frontières politiques et culturelles, c’est un message humanitaire universel », souligne ainsi Melanie Schweitzer, une avocate allemande engagée dans le convoi.
Parallèlement, un important contingent s’est constitué au Maghreb sous le nom de Convoi Somoud (« steadfastness », ou ténacité). En Tunisie, environ 1000 personnes se sont élancées de Tunis le 9 juin à bord d’un convoi de neuf bus, sous les applaudissements d’une foule brandissant des drapeaux palestiniens. Ce groupe maghrébin – essentiellement des citoyens de Tunisie, d’Algérie, du Maroc et de Mauritanie – a traversé la frontière libyenne le 10 juin. Accueillis chaleureusement en Libye occidentale, les marcheurs y ont fait une halte avant de poursuivre leur route vers l’est. Des négociations étaient en cours avec les autorités libyennes de Cyrénaïque afin d’obtenir le passage vers l’Égypte, témoignant des défis logistiques d’une telle odyssée.
Une fois toutes les délégations arrivées au Caire, le départ collectif est prévu pour le 13 juin en direction du Sinaï. Les volontaires emprunteront des bus jusqu’à la ville d’Al-Arish, à une cinquantaine de kilomètres de Rafah. C’est depuis Al-Arish que débutera la marche à pied finale : environ 50 km à parcourir en trois jours à travers le désert égyptien pour atteindre le terminal frontalier de Rafah le 15 juin. Les organisateurs prévoient d’installer un campement de tentes du côté égyptien de la frontière, où les manifestants entendent tenir un sit-in pacifique jusqu’au 20 juin. Durant ces journées sur place, une grande manifestation sera organisée afin d’exiger l’ouverture du passage et l’acheminement des vivres vers Gaza. « Notre objectif n’est pas seulement d’atteindre Rafah, mais d’y maintenir une présence tant que le corridor humanitaire restera fermé », explique un coordinateur. Tous les participants se disent prêts à endurer des conditions difficiles, par solidarité avec les Gazaouis « privés de nourriture, d’eau et de médicaments depuis des mois ».
Un engouement mondial sans précédent
L’initiative de la Global March to Gaza a suscité un enthousiasme planétaire. Jamais une marche de solidarité palestinienne n’avait réuni une telle diversité de nationalités en un même lieu. Au total, ce sont entre 2 000 et 3 000 activistes, originaires d’une cinquantaine de pays à travers le monde, qui convergent vers l’Égypte pour marcher vers Gaza. De l’Indonésie au Canada, de l’Afrique du Sud à la Malaisie, des délégations se sont constituées en quelques semaines, souvent portées par le bouche-à-oreille sur les réseaux sociaux et l’appui d’associations locales. En Belgique, par exemple, un collectif citoyen s’est formé pour représenter le pays dans la marche, rassemblant médecins, juristes et militants – un canal Telegram a même été ouvert pour coordonner la logistique du voyage. En France, plusieurs centaines de bénévoles se sont également portés volontaires; une vingtaine de Bretons figuraient parmi les inscrits au départ du Caire, à en croire les réseaux sociaux.
Sur le trajet, l’accueil réservé aux marcheurs illustre la ferveur populaire autour de cette cause. En Tunisie, une foule émue a encouragé le convoi Somoud lors de son départ de Tunis, aux premières lueurs du 9 juin. Des drapeaux tunisiens et palestiniens flottaient côte à côte, et la puissante centrale syndicale UGTT, co-organisatrice, a salué « un moment historique de solidarité ». En Libye, malgré les divisions politiques du pays, les militants ont été reçus avec hospitalité dans les zones qu’ils ont traversées. En Égypte, où la société civile est muselée depuis des années, de nombreux habitants du Sinaï suivent avec espoir l’arrivée prochaine de cette caravane internationale de la paix – même si des incertitudes planent sur l’attitude que le gouvernement égyptien adoptera à Rafah.
Le profil des participants à la marche est tout aussi remarquable. Aux côtés de simples citoyens indignés par l’injustice, on trouve des médecins urgentistes, venus apporter symboliquement leur aide, des infirmières et psychologues, prêts à assister les blessés de Gaza, des avocats engagés en faveur du droit international, ou encore des artistes et sportifs venus témoigner de leur solidarité. On y croise aussi d’anciens diplomates et des personnalités du mouvement de solidarité internationale. Cette diversité témoigne que le sort de Gaza préoccupe bien au-delà des cercles militants habituels, mobilisant toutes les tranches d’âge, professions et origines ethniques ou religieuses.
« Autour de moi, je sens du courage et de la colère face à ce qui se passe à Gaza », confie Ghaya Ben Mbarek, une journaliste indépendante tunisienne qui a rejoint le convoi maghrébin. Pour elle, s’engager physiquement dans la marche était une évidence : « En tant que journaliste, je dois me tenir du côté droit de l’Histoire, en contribuant à stopper un génocide et à empêcher des gens de mourir de faim ». Beaucoup de participants partagent ce sentiment d’obligation morale. “Si les gouvernements restent immobiles, alors les peuples doivent intervenir”, résume un tract distribué aux volontaires, reprenant en substance la devise du mouvement – marchtogaza.net.
Appels de figures musulmanes et soutien des leaders religieux
Fait notable, la Global March to Gaza a reçu le soutien appuyé de nombreuses personnalités musulmanes à travers le monde. Des oulémas (savants de l’islam), des imams influents et des figures publiques de premier plan ont appelé les fidèles à se mobiliser pour Gaza par tous les moyens pacifiques possibles. L’Union Internationale des Savants Musulmans – la plus haute instance regroupant des érudits islamiques de divers pays – a salué cette initiative et encouragé les musulmans à y prendre part. Son secrétaire général, le Dr Ali al-Qaradaghi, a notamment exhorté « les musulmans du monde entier à participer aux convois internationaux visant à briser le blocus » en soutien au peuple de Gaza – instagram.com. Dans un message largement diffusé sur les réseaux sociaux, ce dignitaire qatari a souligné qu’aider concrètement Gaza est un devoir moral et religieux pour la communauté, rappelant que « les enfants de Gaza appellent la conscience du monde entier » et que personne ne doit rester spectateur face à leur martyre.
Dans de nombreux pays, les prêcheurs ont relayé cet appel lors des prêches du vendredi. Au Maroc, par exemple, des associations islamiques et des imams ont encouragé leurs concitoyens à soutenir la marche mondiale, tandis qu’une « Journée nationale de solidarité » était organisée le 15 juin en écho à l’arrivée des marcheurs à Rafah. En Turquie, de grandes figures religieuses ont publiquement béni l’initiative ; même chose en Malaisie et en Indonésie, où les conseils des oulémas ont multiplié les déclarations de soutien. Au Royaume-Uni, plusieurs imams bien connus pour leur engagement humanitaire ont annoncé sur les réseaux sociaux qu’ils rejoindraient la marche en Égypte ou qu’ils participeraient à des manifestations simultanées localement.
Cette caution venue du monde religieux musulman confère une résonance particulière à la Global March to Gaza. Elle montre que, pour les leaders spirituels, la défense de Gaza n’est pas qu’une question politique, c’est une cause humanitaire et éthique qui transcende les frontières. Par ailleurs, au-delà des seules personnalités musulmanes, la marche a attiré l’attention d’autres figures morales : des prêtres chrétiens en Europe ou en Amérique latine ont exprimé leur solidarité, et des progressistes juifs – tels que les membres de l’organisation Jewish Voice for Labour au Royaume-Uni – se sont joints au mouvement pour réclamer la fin de l’agression à Gaza – aljazeera.com. Ce front humain large et unitaire renforce la légitimité de l’initiative aux yeux de l’opinion publique.
« Nous traverserons des déserts pour Gaza » : une portée symbolique et politique internationale
La Global March to Gaza revêt une portée symbolique forte : c’est la société civile mondiale qui, corps et âme, se met en mouvement pour sauver Gaza. Là où les gouvernements ont failli à protéger une population en danger d’extermination, de simples citoyens ont décidé de prendre la route, d’affronter la chaleur du désert et les incertitudes bureaucratiques, pour délivrer un message d’humanité. « Même si vous nous empêchez par la mer ou par les airs, nous viendrons, par milliers, par la terre. Nous traverserons littéralement des déserts… pour empêcher des gens de mourir de faim », déclare Ghaya Ben Mbarek en décrivant l’état d’esprit des participants. Cette phrase – « traverser des déserts pour Gaza » – est en passe de devenir le mot d’ordre d’un vaste élan de solidarité internationale.
Sur le plan politique, l’initiative vise à bousculer les dirigeants du monde entier. En se rassemblant massivement devant le terminal de Rafah, les marcheurs veulent braquer les projecteurs médiatiques sur ce point névralgique où s’entassent les convois d’aide bloqués. Ils espèrent qu’une telle pression populaire, à la fois locale et internationale, forcera les autorités égyptiennes à ouvrir la frontière – ne serait-ce que temporairement – et, au-delà, contraindra Israël à desserrer son étreinte meurtrière sur Gaza. « Notre action n’est pas dirigée contre l’Égypte : au contraire, nous voulons coopérer avec Le Caire pour qu’il laisse passer l’aide. La véritable cible de notre pression, c’est Israël et ses alliés », explique Karen Moynihan, une activiste irlandaise impliquée dans l’organisation. Elle rappelle qu’un État qui n’agit pas contre ces crimes se rend complice d’un génocide – et que l’Histoire ne pardonnera pas un tel silence.
Beaucoup de participants sont conscients qu’il est peu probable de pouvoir entrer effectivement à Gaza – l’armée israélienne garde férocement le passage de Rafah du côté palestinien, et Le Caire lui-même n’a pas encore donné son feu vert à la marche. Mais l’important est ailleurs : « Même si nous n’atteignons pas Gaza cette fois, nous aurons montré au monde que des milliers de citoyens ordinaires sont prêts à tout pour sauver une population innocente », explique un volontaire suisse. « Si nous n’y parvenons pas, la prochaine fois quelqu’un d’autre y arrivera », ajoute son camarade Samuel Crettenand, convaincu que ce mouvement de solidarité sans précédent finira par ouvrir une brèche. « Le mouvement est énorme maintenant et je pense qu’il aura un impact immense pour laisser entrer l’aide humanitaire à Gaza. Si nous n’aboutissons pas, la tentative suivante réussira », affirme-t-il avec espoir.
En ce sens, la Global March to Gaza s’inscrit dans la continuité d’autres initiatives citoyennes pour Gaza, tout en franchissant un cap. Hier les flottilles maritimes tentaient de briser le siège par la mer – la dernière en date, le navire Madleen parti d’Italie avec Greta Thunberg à son bord, a été arraisonnée en haute mer par Israël le 9 juin. Aujourd’hui, c’est par voie de terre que la solidarité internationale tente de se frayer un chemin, portée par des “marcheurs de la liberté” déterminés. « Si vous nous stoppez par la mer ou les airs, nous viendrons par la terre » : ce message adressé aux oppresseurs résonne comme une promesse que la lutte pour Gaza ne faiblira pas.
Enfin, la portée symbolique de cette marche se mesure à la réaction qu’elle suscite chez les Palestiniens eux-mêmes. Depuis Gaza, malgré les coupures d’électricité et d’Internet, des voix parviennent à encourager les marcheurs. De jeunes Gazaouis ont adressé des messages vidéo de remerciement et d’encouragement, disant puiser de la force dans cette mobilisation mondiale qui leur redonne espoir. « Notre cœur, notre corps, notre âme sont avec vous », répond en écho Raya, une Suissesse d’origine palestinienne qui a rejoint la caravane humanitaire. « Nous espérons réussir quelque chose pour que [les Palestiniens de Gaza] puissent enfin vivre comme tous les êtres humains, avec des droits » confie-t-elle. Ces échanges vibrants illustrent l’essence même de la Global March to Gaza : rappeler aux Palestiniens assiégés qu’ils ne sont pas seuls, et rappeler au monde libre qu’il est encore possible d’agir.
En s’avançant pas à pas vers Rafah, les participants de la Global March to Gaza portent la voix de millions de personnes éprises de justice. Leur marche est un acte de foi en l’humanité, un refus de l’indifférence. Quelle qu’en soit l’issue concrète aux portes de Gaza, cette mobilisation aura d’ores et déjà marqué l’Histoire : celle d’hommes et de femmes ordinaires décidés à se tenir du côté de l’opprimé, au nom de la dignité humaine. Dans un monde souvent résigné face aux injustices, la marche mondiale pour Gaza redonne vie à une idée simple : « Le sort de Gaza n’est pas une fatalité : c’est le résultat de choix politiques, et ces choix peuvent changer ». La solidarité internationale est en marche – et avec elle, l’espoir d’un lendemain meilleur pour la Palestine.