Le blâme de son âme (al-mu’ataba) est un outil indispensable d’éducation de l’âme puisqu’il consiste à lever le voile (de ses péchés, ses manquements, ses excès et ses défauts) vis-à-vis de soi dans une forme de dialogue intime -et thérapeutique- avec Allah.

« A réussi, certes, celui qui la purifie (l’âme), Et est perdu, certes, celui qui la corrompt » (s.91 v.9-10).

Pour ce faire, le croyant se doit d’être sincère et de porter un regard lucide sur lui-même. Il adoptera d’une part une posture de servitude et d’humilité (inkisar) devant Allah témoignant de son indigence, de sa dépendance et de son amour envers Son Seigneur Miséricordieux mais aussi de regrets intenses quant à ses manquements et d’insatisfaction vis-à-vis de lui-même et de son propre état.

Conscient que c’est la miséricorde d’Allah qui recouvre ses manquements de Son voile, le croyant sincère ne se laisse pas tromper par ce que les autres pensent ou disent de lui car il est conscient que ceux-ci ne savent de lui que ce qu’Allah a bien voulu leur montrer, de par Sa bonté immense envers ses serviteurs. Le croyant qui recourt à cet exercice reconnaît le décalage qu’il existe entre l’image qu’il renvoie de lui-même et ce qu’il est et fait à l’abri des regards des autres c’est pourquoi il éprouve des regrets et une certaine honte devant son Seigneur qui ne cesse de se montrer bon envers Lui tandis qu’il ne cesse de lui désobéir.

De plus, le cheminant ne se laisse pas tromper par sa propre âme qui s’autosatisfait d’elle-même. L’autosatisfaction de soi (al-‘ujb) est en effet un grave péché contre lequel le serviteur lutte. Il invoque ainsi Allah en ces termes :  » O Allah ne me laisse pas livré à moi-même qu’un instant (litt. le temps d’un battement de cil) » car il sait que sans l’assistance d’Allah il serait perdu et qu’il ne peut faire ce qu’il fait qu’avec Son aide et que la guidée et entre Ses mains. Aussi, ne se sent il jamais à l’abri du stratagème d’Allah et craint il toujours de sombrer dans l’hypocrisie. Par conséquent, le serviteur sincère procède régulièrement à un examen de conscience durant lequel il blâme son âme pour l’éduquer et ne pas la laisser se satisfaire et le laisser plonger dans la satisfaction de sa propre opinion qui fait d’ailleurs partie d’un des signes de la fin des temps comme mentionné dans le hadith sur les 4 signes de l’Heure : « chacun sera satisfait de son opinion ». Or, aujourd’hui on ne peut qu’être frappé par le degré aberrant d’amour de soi que promeut le mode vie occidental contemporain via les réseaux sociaux. Tout est prétexte à se mettre en avant. Le croyant doit donc être on ne peut plus prudent car l’environnement dans lequel il vit est en fort contraste avec le modèle de vie auquel il aspire intérieurement.

Le Messager d’Allah ﷺ a dit: « Regardez ceux qui sont dans une situation moins bonne que la vôtre et non pas ceux qui sont dans une situation meilleure, vous éviterez ainsi de mépriser les bienfaits qu’Allah vous a octroyés. [Muslim, riyad as-salihin n°467] Une version de Bukhari rapporte : « Lorsque l’un d’entre vous voit celui qui a plus d’argent et qui a une meilleure apparence physique que lui, qu’Il regarde plutôt celui qui a moins que lui. »

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