La première guerre mondiale donne l’occasion à la France et l’Angleterre de se partager l’Empire Ottoman et de se disputer le mandat sur la Palestine. Retour sur leurs négociations secrètes et officielles.
Contexte historique : les accords de Sykes-Picot en 1916.
C’est pendant la première guerre mondiale qu’ont lieu les fameux accords de Sykes-Picot dans le but de s’approprier dans un esprit de colonialisme le Moyen-Orient. Après être restée neutre un moment, la Turquie se range finalement, en octobre 1914 du côté de l’Allemagne et de l’Autriche.
À l’époque, la Turquie est beaucoup plus grande qu’on la connaît aujourd’hui. En effet, l’Empire Ottoman s’étendait sur une grande partie du Moyen-Orient et comprenait une partie de l’Arabie actuelle, les Émirats, la Palestine, la Jordanie, l’Iraq, la Syrie…
Lors de son entrée en guerre, la France et l’Angleterre entament déjà une série de négociations secrètes sur le partage de l’Empire Ottoman après sa défaite : les accords Sykes-Picot.
Dans ces accords, il y a un passage concernant les lieux saints notamment la Palestine. Suite à de nombreux différents entre la France et l’Angleterre, il est convenu que la Palestine sera internationalisée c’est-à-dire qu’ils se partageront le mandat.
Mais l’Angleterre regrette tout de suite cette décision et tient à récupérer cette partie essentielle. Ayant, effectivement, de très grosses difficultés financières (tout comme la France et la Russie) et sachant que les juifs voulaient déjà former leur futur État en Palestine, elle demande une aide financière aux États-Unis. Les juifs, très puissants aux États-Unis, demande en échange la fondation d’un “foyer national juif” en Palestine.
Ce qui explique en bonne partie la fameuse déclaration Balfour publiée le 2 novembre 1917.
Dans cette déclaration, l’Angleterre fait sa déclaration sans prévenir la France et qualifie les juifs comme étant un peuple alors que les autres sont considérés comme “des populations non juives” de Palestine auxquelles on garantit seulement des droits civils et religieux.
Après la guerre, en février 1920 lors d’une conférence à Londres, la France cède le droit de mandat sur la Palestine à l’Angleterre mais demande en contrepartie un droit de regard sur les lieux saints. Mais les erreurs de la France se désolidarisant des communautés chrétiennes et les erreurs politiques du Vatican, lui enlèveront immanquablement ce droit.
La conférence de San Remo : la question palestinienne.
Elle se tient en avril 1920 et soulève plusieurs questions dont la partage des provinces arabes de l’Empire ottoman et la préparation du traité de paix avec la Turquie. La France récupère le mandat sur la Syrie et le Liban, tandis que l’Angleterre, comme prévu, se voit attribuer le mandat sur la Mésopotamie et sur la Palestine. La France lui cède également Mossoul en échange d’un droit à l’exploitation du pétrole de 25 %.
Pour la question palestinienne, un problème se pose à propos de deux notions contradictoires :
- La notion anglaise qui dit que la Palestine doit être confiée à l’Angleterre qui agira tout en gardant et préservant les droits civils et religieux des populations non juive ;
- Et la notion française qui précise que l’Angleterre recevra bien sûr le mandat mais qu’elle doit préserver les droits politiques, civils et religieux des Palestiniens.
Le mot politique est évidemment fondamental. L’Angleterre n’est pas d’accord et après de longs débats, elle finit par s’en sortir en disant que les droits politiques sont compris dans les droits civils. Elle trompe ainsi les arabes et les Palestiniens.
Et ceci explique en partie, qu’à cause de cette ambiguïté, lorsque les Anglais ont quitté la Palestine, ils y ont laissé le chaos.
Évidemment la conférence de San Remo était suivie de très près par les sionistes, qui observaient les manœuvres de l’Angleterre. Parmi eux, Chaim Weizmann à la tête de l’Organisation Sioniste Mondiale.
La ruse des juifs.
Alors que les juifs exigeaient d’avoir des droits politiques comme tout le monde dans les nouveaux pays d’Europe centrale, en Palestine, il n’en exigeait aucun. Ils savaient pertinemment, que s’ils demandaient des droits politiques, il en serait aussi accordés aux arabes.
Or, à l’époque, les Palestiniens étaient plus de 60 000 alors que les juifs n’étaient qu’environ 6000. Donc pour rendre possible la mainmise sur la Palestine, il était stratégique de supprimer tous les droits politiques.
C’était là le début d’un processus initié par le mouvement sioniste fondé par Theodor Herzl en 1897 et dont on sait l’objectif ultime, l’établissement de l’État d’Israël, réalisé en 1948.