Moment d’histoire : Napoléon Bonaparte et l’Islam

C’est en s’adressant au sultan du Maroc que Napoléon Bonaparte déclare sa flamme à l’Islam par ces mots : « Il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu, et Muhammad est Son prophète ».

Toutefois ces propos sont anecdotiques puisqu’ils sont issus du propre récit biographique de Napoléon Bonaparte.

Selon divers rapporteurs l’empereur se serait converti à l’Islam en qualité « d’enfant descendant de l’esprit des Lumières », ce courant de pensée philosophique qui favorise l’ouverture d’esprit.

Cependant le mystère demeure quant à la véracité des faits. Sa conversion aura-t-elle été purement stratégique et politique. Aura-t-elle été une ruse de guerre ?

Ou tout simplement sincère ?

Ou encore les deux à la fois ?

Ce que l’on peut confirmer aujourd’hui c’est qu’il avait un attrait particulier pour la religion du Prophète Muhammad (SAW) et une passion certaine au regard des qualités certaines du sceau des Prophètes (SAW).

Napoléon Bonaparte mène campagne en Egypte.

Ses premières relations concrètes avec l’Islam se font durant la campagne d’Egypte en 1798. Une religion qu’il connaît bien. Et c’est justement celle du pays qu’il doit conquérir et il va se montrer soucieux de la respecter.

Lors de sa route vers l’Egypte, Napoléon et son armée font escale à Malte. Mais le maître des lieux refuse de l’accueillir. Suite à ce refus Bonaparte décide de prendre militairement l’île. Une prise stratégique qui va l’aider à repousser les Anglais qui naviguent à proximité.

Bonaparte décide de remettre en liberté certains prisonniers des cellules maltaises. Une décision « symbolique » pour gagner l’estime et le soutien des populations musulmanes avant la conquête de la terre des pharaons.

Arrivé en Egypte,  il s’adresse à son armée à Alexandrie, en l’exhortant d’une manière presque atypique.

Opportunisme ou conviction

Une proclamation prononcée par le général, mais dont les traces écrites sont rares, et seuls les propos rapportés font actes de faits.

« Les peuples avec lesquels nous allons vivre sont mahométans […] Ne les contredisez pas ; agissez avec eux comme vous avez agi avec les Juifs, avec les Italiens ; ayez des égards pour leurs muftis et pour leurs imams, comme vous en avez eu pour les rabbins et les évêques. […] Les légions romaines protégeaient toutes les religions. […] Les peuples chez lesquels nous allons, traitent les femmes différemment que nous ; mais dans tous les pays celui qui viole est un monstre. [… ]. La première ville que nous allons rencontrer a été bâtie par Alexandre. »

La ville d’Alexandrie résiste comme elle peut aux assauts des soldats français pour finalement capituler.

C’est le 1er juillet 1798 que Bonaparte décide de s’adresser aux citoyens musulmans d’Alexandrie.

« Depuis trop longtemps les beys qui gouvernent l’Égypte insultent la nation française […]. Peuple de l’Égypte, on vous dira que je viens pour détruire votre religion, ne le croyez pas ; répondez que je viens vous restituer vos droits, punir les usurpateurs, et que je respecte Dieu, son prophète et le Coran plus que les Mamelouks. […]. Si l’Égypte est leur ferme, qu’ils montrent le bail que Dieu leur en a fait… Cadis, cheikhs, imans, tchorbadjis, dites au peuple que nous sommes aussi de vrais musulmans. N’est-ce pas nous qui avons détruit les chevaliers de Malte ? N’est-ce pas nous qui avons détruit le pape qui disait qu’il fallait faire la guerre aux musulmans ? N’est-ce pas nous qui avons été dans tous les temps les amis du Grand-Seigneur et les ennemis de ses ennemis ? Trois fois heureux ceux qui seront avec nous ! […]. Mais malheur, trois fois malheur à ceux qui s’armeront pour les Mamelouks et qui combattent contre nous ! Il n’y aura pas d’espérance pour eux, ils périront. »

Dans ce cas de figure, on ne peut nier les qualités de stratège de Bonaparte. La religion, en l’occurrence l’Islam est, pour lui et son armée, « la meilleure arme » en sa possession pour obtenir le soutien de la population musulmane. Afin de pouvoir légitimer d’une part l’action française en Egypte et d’autre part limiter les tentatives de soulèvement. Quant à la libération du joug des Mamelouks elle est purement symbolique dans l’ordre des priorités.

Ce qui est certain, c’est que l’Islam a impacté sur cette personnalité de l’histoire française, tant durant son passage en Egypte qu’au cours de sa vie.

Le coté pratique de la religion

Pour le futur empereur, les religions dans leur ensemble ont plutôt un côté pratique ; celui de pouvoir dominer les populations. « Une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole », disait-il.

Un Islam probablement plus culturel que cultuel

Une admiration qui se juxtapose avec un intérêt certain sur les particularités de l’Orient. Durant son exil sur l’île de Sainte-Hélène, il parle et évoque l’islam dans son quotidien. Même si l’islam reste présent dans sa vie de manière culturelle, elle reste apparemment très limitée d’un point de vue cultuel.

Peut on dire clairement aujourd’hui que Bonaparte s’est servi essentiellement de la religion de la terre convoitée pour être en adéquation avec ses « administrés », et faire preuve d’ingéniosité afin de faire face aux forces ottomanes le moment venu, qui souhaitaient attaquer l’Égypte.

Nous nous garderons de répondre à cette question dont la réponse appartient à Dieu Lui-même qui a connaissance de toutes choses passées, présentes et futures. Sachant également que Dieu guide qui Il veut, comme nous le rappelle ce verset du Coran :

« Allah égare qui Il veut et guide qui Il veut. Et, c’est Lui le tout Puissant, le Sage. » (Coran, Sourate 14, Verset 4).

Une autre question se pose, plus pratique cette fois et qui pourrait élargir le débat :

« Aurait-il adhéré aux religions des autres continents et coins du monde s’il avait eu l’occasion de les envahir ? »

Une évidente conquête des terres liée à une improbable conquête des coeurs me direz-vous …

 

By Younes

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