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Coups de coeur

Le début de la fin

Le début de la fin

Voilà trois mois que le génocide a commencé à Gaza. Nous ne nous attarderons pas à citer le détail du nombre de victimes ni l’ampleur des souffrances que celui-ci a généré comme des dégâts matériels. Notre propos ne sera pas non plus de commenter les stratégies des acteurs, fussent-elles machiavéliques, sincères ou trop prudentes ; de nombreux analystes se dédient déjà à cela, dans une tentative de faire sens de ce qui échappe à la raison humaine.

Nous n’esquisserons pas non plus de perspectives de ce qui pourrait être un plan de sortie de guerre. Il n’y a plus de négociation possible avec un animal enragé. La guerre est bien là, présente, violente, assassine, nauséabonde, cynique mais surtout profondément déséquilibrée, comme beaucoup de conflits de l’histoire humaine.

Nous étions de ceux qui très tôt pensions, naïvement, que cette guerre aller vite s’arrêter comme les précédentes, en pensant que tôt ou tard l’hégémon remettrait son chien en laisse.

Mais la laisse a lâché et le semblant de sens que le maître baragouinait pour justifier des agissements de la bête ne semble plus suffisant. Le récit hégémonique de l’Occident s’effondre irréversiblement, redessinant les affinités et le partage du monde entre les forces impériales -et leurs alliés- et un pôle de résistance à celles-ci.

Il est des causes et des choses qui échappent à tous les calculs de l’homme et une situation à un moment T peut finalement faire basculer l’ensemble de la planète dans une nouvelle direction.

Nous savons aujourd’hui que la guerre ne s’arrêtera pas. Ou en tout cas pas si simplement qu’avec un cessez-le-feu.

Leur objectif n’est pas seulement de ne pas pouvoir en finir avec une option politique favorable à la reconnaissance d’un peuple palestinien. Leur objectif est de favoriser la venue du Machia’h et de dominer le monde, et pour ce faire tous les moyens sont bons. L’hubris et l’ivresse de leur pouvoir de destruction se lit à leur visage et aux expressions de cynisme de leur armée qui signe des bombes envoyées sur des femmes et des enfants sans défense avec des dédicaces sadiques. La nature de leur projet ne fait plus aucun doute et l’histoire de l’humanité s’est emballée. Ils ont goûté à l’arrogance du tyran qui le condamne à sa propre perte, tôt ou tard…

Face à cela, plusieurs choix s’offrent à nous. Le premier, et sans doute le plus simple mais le plus lâche aussi, est celui du spectateur qui observe le déchaînement de violences quotidiennes en espérant que cela s’arrête à un moment donné, sans trop perturber son chemin de vie. On pourra alors envoyer un virement en ligne pour panser les victimes et reconstruire des écoles si d’ici là on y pense encore entre le fromage et le dessert … Les plus empathiques pleurent encore aux images de bébés déchiquetés et de foules en proie à la soif et la famine. Pour beaucoup les larmes ont laissé place à un vague sentiment d’impuissance et une colère indicible face à la lâcheté des tyrans et des dirigeants des peuples musulmans et arabes, et l’expression d’impuissance des masses musulmanes endormies. Et peu à peu la fatigue émotionnelle provoque une certaine léthargie et un renoncement à l’action. On dénonce, mais on reprend le cours de nos vies. On a envie que cela finisse car nos cœurs souffrent mais on a oublié que les guerres ne se gagnent pas si facilement… et certainement pas sans sacrifices.

Le second choix est celui de celles et ceux qui se réjouissent des relatives prouesses des résistants qui dans un dernier élan de dignité ne partent pas sans se battre. Qui sait combien de temps il leur reste avant d’être à court de nourriture et de munitions ? Leurs actes de guerre ne peuvent être célébrés publiquement au risque de passer pour des fanatiques. Qui plus est la loi permet de commémorer certaines victoires et de réprimer la mémoire d’autres…

L’étau se resserre autour des rares braves qui se risquent à parler. Et pourtant.

Triste ironie quand on parle de soutenir une poignée de fantassins se battant dignement face à des régiments de blindés, et bombardés par des missiles aériens … Mais dans le cœur de ceux et celles qui croient au David contre Goliath, ces victoires sont telles qu’elles conduiront peut-être à une autre fin possible, une fin non rationnelle, une sorte de victoire du bien contre le mal hollywoodienne que seul le véritable croyant peut espérer. On n’ose avouer pourtant que ce que ces héroïques fantassins recherchent avant tout c’est de résister, aussi longtemps que possible et que les deux seules issues pour eux sont la victoire ou le martyr, le martyr étant à titre individuel la meilleure des deux options. Leur guerre, ils l’ont déjà gagnée en répondant à l’appel. Ils laissent les héritiers de la cause, les candides et les observateurs gérer la suite. Leur priorité à eux se joue sur le terrain et au présent. Certains souffriront plus que d’autres car ils se font attraper par l’ennemi et finissent torturés dans des geôles israéliennes. Le monde est trop indifférent à leur cause. Ceux-là sortiront peut être définitivement invalides et profondément traumatisés. Une fin que nous ne leur souhaitons pas. Ceux qui ne sont pas emportés ou arrêtés continuent de se battre, sans défection malgré la dureté des combats et la rudesse de la vie souterraine qu’ils mènent depuis plusieurs années. Ils souffrent beaucoup, mais l’ennemi souffre aussi.

Reste donc à parler des héritiers. Les héritiers de cette cause et de cette guerre. Nous en faisons partie. Nous ne l’avons pas choisie ni souhaitée mais elle s’est imposée à nous tous. Les prémices étaient là depuis longtemps mais nous détournions le regard. Cette guerre bien réelle et explosive nous sort désormais de notre vie bien planifiée pour nous plonger, nous et nos familles, dans un inconnu aux airs de fin des temps. Une guerre sainte qui ne peut accepter que deux camps, le camp de la lumière et le camp des ténèbres, pour reprendre les propos du chef d’orchestre messianiste. On se réveille dans la douleur car nous savons que cette guerre ne pourra être facilement gagnée. Nous savons que la destruction que nous avons vue dans ces trois derniers mois n’est que le prémices d’une violence d’ampleur inégalée, et au fond nous avions d’autres plans pour nous et nos familles. Nous savons que la guerre sainte a commencé, mais nous refusons de réaliser qu’à un moment certain notre tour viendra, que nous hériterons de la cause. Nous savons trop bien qu’il n’est pas possible de nous défiler, car partout où nous regardons autour de nous nous voyons les signes avant-coureurs de cette perversité des mœurs et des valeurs, qui accompagne chez nous la guerre qui se joue là-bas. Nous refusons de comprendre qu’au final tout est lié: la guerre des cœurs et la guerre des corps.

Le début de la fin, c’est reconnaître au final que le seul chemin qui s’offre à nous, est le chemin de la dignité, du courage et de la foi. Le chemin de la lutte. Certains se battent avec leurs corps, certains se battent avec leurs plumes, et tous se battent avec leur cœurs. Nos cœurs doivent donc se réveiller car c’est là que le combat commence.

Que les spectateurs continuent de s’indigner. Que les candides continuent d’espérer. Les héritiers savent qu’ils doivent renforcer les rangs et pour cela préparer leur cœur et tout leur être.

« Le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a annoncé que la communauté musulmane allait vivre des moments difficiles comme ceux qu’elle vit actuellement. D’après Thawban (qu’Allah l’agrée), le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit: « Les différentes communautés sont sur le point de se regrouper contre vous comme se regroupent les gens qui mangent autour d’un plat ». Une personne a dit: Est ce que la cause de cela est que nous serons peu nombreux ce jour-là ? Le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit: « Ce jour-là, vous serez plutôt nombreux. Mais vous serez comme l’écume du torrent. Allah va retirer des cœurs de vos ennemis la peur qu’ils avaient de vous et il mettra dans vos cœurs le -wahn- ». Une personne a dit: Ô Messager d’Allah! Qu’est ce que le -wahn- ? Le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit: « L’amour de l’ici-bas et le fait de détester la mort ». (Rapporté par Abou Daoud et authentifié par Albani dans la Silsila Sahiha n°958) « 

Le premier pas est donc évident : Soigner la maladie qui nous immobilise, Le Wahn. Cette maladie qui nous tue à petit feu et nous laisse impuissant face à l’ennemi.

Allah a dit dans la sourate Ra’d n°13 verset 11 (traduction rapprochée du sens du verset): « Certes Allah ne modifie pas l’état d’un peuple tant qu’ils ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes ».
قال الله تعالى : إِنَّ اللَّهَ لاَ يُغَيِّرُ مَا بِقَوْمٍ حَتَّى يُغَيِّرُواْ مَا بِأَنفُسِهِمْ

Nous devons donc modifier notre propre état et l’état de notre communauté. Cela ne se fera pas sans sacrifice, ni sans effort, et sans vision, ni sans sevrer nos corps et nos cœurs de l’amour de la vie mondaine qui nous accapare et nous paralyse, sans changer notre vision du monde. C’est à partir de cette nouvelle vision du monde qui est celle de l’islam que nous devons redéfinir notre rôle sur Terre.

Les résistants palestiniens sont dans une lutte qu’ils ont commencé il y a 75 ans et qui finira par une victoire certaine.

Quant à nous quelle est notre lutte et quand a-t-elle commencé?

La colonisation israélienne est-elle la seule colonisation dont il faut se libérer ? Ou plutôt devons-nous libérer la Palestine uniquement ou devons-nous libérer toutes les terres musulmanes ? Mais aussi et surtout tous les esprit des musulmans.

Changer sa vision du monde et redéfinir ensemble un projet collectif dont on ne verra peut-être pas l’achèvement. Mais nous aurons répondu à l’appel, et ainsi, à notre tour obtenu la victoire.

 

Commentaires (1)
  1. Que la Paix soit sur vous tous
    Excellent article. qu'Allah vous apporte lumière et réussite

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