La Russie mise sur ses partenaires dans le monde islamique

mosquée bleue Qolsharif

La Russie organise les 18 et 19 mai à Kazan un forum consacré à sa coopération économique avec les pays du « monde islamique ». Ce rapprochement présente aujourd’hui une importance stratégique accrue dans un contexte de rupture avec l’Occident.

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Pour l’État russe, la capitale du Tatarstan, située à 800 km à l’est de Moscou, a vocation à incarner la coexistence religieuse pacifique en Russie, et à véhiculer l’image d’un pays « multinational ». Dans cette République de la région de la Volga, l’islam est implanté depuis des siècles. Et la population tatare, de confession musulmane, constitue la première minorité à l’échelle du pays. « Le Tatarstan est l’une des régions les plus riches de Russie et sert aussi de vitrine économique », explique Ivan U. Klyszcz, chercheur à l’International Centre for Defence and Security de Tallinn (Estonie). « Parce qu’elle concentre des industries et attire des investissements, elle présente un profil qui correspond pleinement à l’approche économique pragmatique de la Russie ». L’objectif du forum consiste à resserrer les liens avec les pays composant l’Organisation de la coopération islamique (OCI) – d’abord économiques, mais aussi culturels et intellectuels.

Identité musulmane

La Russie compterait environ 15 millions de citoyens musulmans, « au sens où ils appartiennent à un groupe ethnique dont le fonds culturel est lié à l’islam. Vivant majoritairement dans les Républiques du Caucase et dans la région Volga-Oural, ils représentent plus de 10 % de la population du pays. À ce titre, Vladimir Poutine fut en 2003 le premier dirigeant d’un État à majorité non musulmane invité à s’exprimer au sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Le nouveau président russe entendait alors améliorer l’image d’une Russie déclassée, largement dégradée par les guerres menées en Afghanistan et en Tchétchénie.

Deux ans plus tard, son admission à l’OCI en tant qu’État observateur est une victoire diplomatique pour Vladimir Poutine. « L’intégration de la Russie au sein de cette instance s’est inscrite dans un contexte de tensions nouvelles avec Washington – concernant l’Irak, notamment – et répondait aussi à la volonté de rééquilibrage de l’Arabie saoudite par rapport aux États-Unis », rappelle Igor Delanoë, directeur de l’Observatoire franco-russe, centre de réflexion établi à Moscou.

« Réorganisation de l’ordre mondial »

Les relations économiques entre la Russie et les pays du Moyen-Orient se sont multipliées. « Le renouvellement générationnel dans les monarchies du Golfe a permis ce rapprochement – pour les nouvelles élites, les guerres d’Afghanistan et de Tchétchénie appartiennent à l’Histoire », relève Igor Delanoë. Les fortes oppositions suscitées par la guerre en Syrie n’ont pas davantage entravé cet essor. Pour l’analyste de l’Observatoire franco-russe, les personnalités russes portant cette « identité musulmane » jouent un rôle de « messagers » : en mars 2022, Rustam Minnikhanov a par exemple été reçu par le président sénégalais Macky Sall. « Cette diplomatie parallèle se fait de façon coordonnée avec le pouvoir central, elle s’accorde avec l’agenda politique du Kremlin », abonde Ivan U. Klyszcz, pour qui se distingue toutefois Ramzan Kadyrov. Le leader de Tchétchénie, qui dit entretenir des relations privilégiées dans les monarchies du Golfe, épouse une approche qui semble davantage individuelle.

Le 31 mars, Moscou a adopté une nouvelle doctrine de politique étrangère présentant le « monde islamique » comme un interlocuteur privilégié.

 

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By Aya G

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