Cacher les défauts et les péchés de ses frères.

Aujourd’hui, on partage avec vous un court rappel essentiel sur le fait de préserver ses frères et ses sœurs en Islam en cachant leurs péchés et leurs défauts.

La gravité de mentionner les défauts d’autrui.

L’Imam An-Nawawi, dans le chapitre sur ce sujet, dans son célèbre livre Riyad As-Salihin a mentionné le verset suivant :

{Ceux qui aiment que la turpitude se propage parmi les croyants auront un châtiment douloureux, ici-bas comme dans l’au-delà}[s.24, v.19]

Sheikh As-Sa’di dans l’explication de ce verset, explique que le châtiment douloureux est dû aux fait que ces personnes ont trompé leurs frères. En effet celui qui aime que la turpitude se propage ne peut vouloir que le mal pour eux et la non préservation de leur honneur. Il souligne également le fait que la menace dans ce verset est destiné à ceux qui aiment dans leurs cœurs que la turpitude se propage. Alors qu’en est-il de celui qui la manifeste et la propage ?

Ibn ‘Oumar a regardé la Ka’bah est a dit : « Qu’est-ce que tu es sacrée auprès d’Allah ! Mais l’honneur du croyant est plus sacré que toi auprès d’Allah. » (At-Tirmidhi)

Ce qui signifie que nuire aux croyants que ce soit avec notre langue en le calomniant, en commettant la médisance en son encontre ou en l’insultant est plus grave que de détruire la Ka’bah.

Le Prophète ﷺ : « Aucun de vous ne sera croyant jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui même. » (Al Boukhari et Mouslim)

Il ﷺ a également dit : « Ô vous qui avez cru avec vos langues alors que la foi n’a pas encore pénétré votre cœur ! Ne nuisez pas aux musulmans, et ne cherchez pas leurs défauts, car celui qui cherche les défauts de son frère, Allah cherchera les siens, et celui dont Allah cherche ses défauts, Il l’humiliera en mentionnant ses défauts, même ce qu’il a commis seul dans sa demeure (à l’abri du regard d’autrui). »

Il est aussi interdit de dévoiler ses propres péchés.

Le Prophète ﷺ dit : « Allah pardonne à tous les musulmans sauf à ceux qui dévoilent leurs péchés comme celui qui commet la nuit un péché et qui au matin, alors qu’Allah l’a couvert, dit aux gens : « J’ai commis hier tel et tel péché ». Il dévoile au matin ce que son Seigneur avait couvert la nuit ». (Al Boukhari et Mouslim)

La récompense de celui qui cache les défauts des musulmans.

Le Prophète ﷺ a dit : « Le musulman ne couvre pas les défauts et les péchés d’un autre musulman ici-bas sans qu’Allah ne couvre les siens le Jour de la résurrection« . (Mouslim)

Ce jour-là, nous serons tellement effrayés par la mention de nos péchés ; cette récompense suffit donc à nous encourager de cacher les défauts des autres.

Quand peut-on mentionner les défauts d’autrui ?

Quand est-ce que la nécessité supprime l’interdiction de dévoiler les péchés des autres ?

Il existe certains situations où l’on peut parler des fautes et des péchés d’autrui, à certaines fins, autorisées dans la religion. L’imam An-Nawawi en a répertoriées 6 :

1. Lorsque l’on subit une injustice et que l’on se plaint aux autorités, au juge ou à toute
personne exerçant un pouvoir.

2. Lorsque l’on cherche à mettre un terme à cet acte répréhensible en parlant à une personne capable d’y mettre fin, par exemple : « Untel commet tel péché. Empêche-le de continuer. » L’intention doit être uniquement de faire cesser l’un acte en question.

3. Lorsque l’on demande une fatwa à une personne légitime : « Mon mari ou untel m’a lésé. En a-t-il le droit ? Comment puis-je rétablir mes droits et mettre fin à cette injustice ? » Même si cela est autorisé, An-Nawawi précise : « Il est permis, en cas de nécessité, d’agir ainsi. Cependant, par principe de précaution, il est préférable de dire : « Quel est votre jugement sur un homme, une personne ou un mari qui agit de cette manière ? » En effet, l’objectif est dans ce cas atteint sans avoir besoin d’identifier la personne. »

4. Lorsque l’on veut mettre en garde les musulmans contre un danger et les
conseiller sincèrement. Cette mise en garde peut prendre plusieurs formes. Par exemple si l’on nous demande des informations sur un homme ou une femme dans le but d’un mariage. On ne doit rien taire des défauts de la personne  au contraire, les mentionner avec l’intention sincère de donner conseil. Mettre en garde contre les assises des innovateurs et autres prêcheurs égareurs. Où encore dénoncer à ses supérieurs une personne qui ne s’acquitte pas convenablement de sa fonction.

5. « Mentionner les péchés de ceux qui les commettent ouvertement, comme le fait de consommer du vin en public, de spolier les gens ou de percevoir des taxes illégales. Il est permis de mentionner les actes répréhensibles qu’ils commettent publiquement, mais interdit d’étaler leurs autres vices, sauf pour l’une des autres raisons déjà énumérées. »

6. « Désigner quelqu’un par son surnom. Si une personne est connue par un surnom comme le boiteux, le sourd ou le borgne, il est permis de le désigner par ce surnom. Cependant, il est interdit de les utiliser pour rabaisser ces personnes. Et il vaut mieux, dans tous les cas, les éviter dans la mesure du possible. Ces six raisons justifiant la médisance ont été mentionnées par les savants de l’islam qui s’accordent sur la plupart d’entre elles. »

Ces situations puisent leurs sources dans les traditions authentiques connues de tous.